En dépit des sanctions occidentales imposées à la Russie suite à l’offensive russe de l’Ukraine, la Turquie a réalisé des économies substantielles, atteignant environ 2 milliards de dollars, sur ses factures énergétiques en 2023. Cette économie a été rendue possible par une augmentation notable de ses importations de pétrole et de produits raffinés en provenance de la Russie à des prix préférentiels. Ces informations, établies par Reuters à partir des données de LSEG et des estimations des négociants, soulignent la stratégie d’Ankara visant à accroître ses achats malgré les restrictions en vigueur.
La Turquie s’est élevée au rang de premier importateur d’énergie russe dans l’hémisphère occidental. Cette ascension a été motivée par la suspension par de nombreux pays européens de leurs importations de pétrole et de gaz en provenance de la Russie suite aux événements en Ukraine. Cette situation a conféré à Ankara un avantage significatif du fait de sa proximité géographique avec les ports russes, lui permettant ainsi de réaliser des économies grâce à des coûts de fret moins élevés que ses concurrents.
Les expéditions de pétrole brut de l’Oural vers la Turquie ont atteint un pic record en novembre 2023, représentant près de 14 % de toutes les exportations de pétrole par voie maritime de la Russie le mois dernier. Ces chiffres, provenant des données de LSEG et des calculs de Reuters, mettent en évidence l’ampleur des échanges énergétiques entre les deux nations, bien que le ministère russe de l’Énergie se soit abstenu de tout commentaire.
En dépit de cette croissance significative des importations énergétiques, les autorités russes et turques, y compris les entreprises telles que Turpas et le raffineur STAR, ont préféré ne pas répondre aux demandes de commentaires des médias. Cette dynamique suggère la complexité et la délicatesse des relations économiques dans le contexte actuel.
Les prévisions laissent entrevoir une augmentation continue des approvisionnements énergétiques de la Turquie dans les mois à venir. Notamment, le producteur privé russe Lukoil a récemment signé un accord avec la société azérie SOCAR pour raffiner jusqu’à 200 000 barils par jour de pétrole russe dans la raffinerie turque STAR de Socar. Ces développements, provenant de sources commerciales, soulignent la poursuite de cette tendance à l’augmentation des échanges énergétiques.
Outre l’augmentation de l’approvisionnement en brut, les importations turques de produits raffinés russes tels que le diesel, le mazout de chauffage, le carburéacteur et le carburant marin ont connu une hausse impressionnante de 200 % entre janvier et novembre 2023, atteignant environ 0,29 million de barils par jour. Cette croissance s’est traduite par une économie de coûts substantielle pour la Turquie, bénéficiant de réductions de prix allant jusqu’à 150 dollars par tonne pour le diesel et de 20 dollars par baril pour le brut, par rapport aux prix méditerranéens similaires.
Ces importations énergétiques à moindre coût ont eu un impact significatif sur l’économie turque. Elles ont permis de réduire le déficit commercial du pays et ont contribué à atténuer la pression sur sa monnaie, qui a connu une dévaluation de 30 % depuis le début de l’année. Par ailleurs, la Turquie a augmenté ses exportations de diesel de manière conséquente, enregistrant une croissance de 120 % au cours de la même période, soit 6,03 millions de tonnes contre 2,75 millions de tonnes l’année précédente, d’après les données de LSEG.
Malgré ces gains économiques évidents, des critiques émanant d’activistes et de partisans de l’Ukraine accusent la Turquie de faciliter le transit des produits russes vers l’Europe, contournant ainsi les sanctions en place. Les autorités turques réfutent fermement ces accusations, arguant qu’elles exportent des carburants raffinés à partir de différentes sources de brut.
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