La politique financière de la Russie prend un virage décisif, comme en témoignent les récentes déclarations de la directrice de la Banque centrale russe, Elvira Nabioullina. Selon elle, la part des règlements russes en monnaies nationales avec les autres pays des BRICS est passée d’une modeste fraction à une domination écrasante, atteignant désormais 85 %. Cette ascension fulgurante, d’une valeur de 26 % il y a deux ans seulement, souligne une tendance claire vers la dé-dollarisation des échanges commerciaux de la Russie.
Cette évolution spectaculaire s’accompagne également d’une expansion significative de la présence des BRICS dans le commerce extérieur russe. En effet, au cours des deux dernières années, la part du groupe dans ce secteur vital de l’économie russe a doublé pour atteindre 40 %. Ce chiffre, qui était de 20 % en 2021 et de 30 % en 2022, témoigne de l’importance croissante des partenariats intra-BRICS pour l’économie russe.
Une des initiatives les plus remarquables est la discussion en cours sur l’intégration potentielle des infrastructures nationales de paiement entre les membres des BRICS. Cette démarche, si elle se concrétise, pourrait révolutionner les flux financiers au sein du groupe, renforçant ainsi sa cohésion et son autonomie face aux systèmes internationaux dominés par le dollar.
L’un des piliers de cette stratégie de dé-dollarisation est le Système de transmission de messages financiers (SPFS), une alternative russe à SWIFT. Mme Nabioullina a souligné que ce système, qui facilite les transactions financières entre les banques au niveau national et international, a attiré un nombre croissant de participants. Avec 514 acteurs, dont 131 entités étrangères, le SPFS s’impose comme une alternative crédible à SWIFT, surtout après que des sanctions aient conduit à la déconnexion de banques russes clés de ce dernier réseau.
La nécessité de promouvoir activement le SPFS découle en grande partie des restrictions occidentales imposées à la Russie, en particulier dans le contexte du conflit ukrainien. Ces sanctions ont contraint la Russie à renforcer son système de paiement national, initié en 2014 en réponse aux premières mesures restrictives des États-Unis. Aujourd’hui, elles servent de catalyseur à la transition vers une plus grande indépendance financière.
En outre, l’expansion des BRICS cette année, avec l’adhésion de nouveaux membres comme l’Arabie saoudite, l’Iran et d’autres, renforce la position du groupe sur la scène mondiale. Avec une part de 35 % du PIB mondial en PPA, les BRICS représentent désormais une force économique incontournable, capable d’influencer les dynamiques financières mondiales.
Laisser un commentaire