L’industrie aurifère en Afrique, notamment dans les pays du Sahel, représente un secteur d’une importance capitale tant pour les économies locales que pour le marché mondial de l’or. Cette région, riche en ressources naturelles, a vu plusieurs de ses pays, comme le Mali, le Burkina Faso et le Sénégal, émerger comme des acteurs majeurs dans l’extraction aurifère. Toutefois, l’exploitation de l’or dans ces territoires est également source de défis significatifs, incluant des questions environnementales, des problématiques de sécurité liées à la présence de groupes armés et des enjeux socio-économiques, comme le travail des enfants et les conditions de travail des mineurs. La dynamique de l’industrie aurifère dans cette région soulève donc un équilibre complexe entre développement économique et responsabilité sociale et environnementale.
Le Burkina Faso, membre actif de l’Alliance Économique Sahélienne (AES), vient d’annoncer une mesure audacieuse qui pourrait redéfinir l’avenir de son secteur aurifère. Dans une démarche visant à mieux encadrer l’exploitation et le commerce de l’or, le gouvernement a décidé de suspendre temporairement l’exportation d’or et d’autres substances précieuses issues de la production artisanale.
Cette décision, communiquée le 20 février par le ministre des Mines Yacouba Zabré Gouba, s’inscrit dans une volonté d’assainir le secteur et d’améliorer les recettes de l’État. Le pays, dont l’économie est fortement tributaire de l’extraction aurifère, produit annuellement d’importantes quantités d’or, avec environ 10 tonnes provenant de l’exploitation artisanale et 57,6 tonnes des sites industriels en 2022.
La suspension des exportations artisanales vise à fournir en matières premières la future raffinerie nationale et à financer des mesures de sécurité cruciales, notamment pour lutter contre le financement d’activités terroristes via l’orpaillage illégal, un fléau souligné par l’office des Nations unies contre la drogue et le crime.
Cette annonce a suscité des réactions variées au sein de la communauté minière, provoquant une certaine inquiétude parmi les professionnels du secteur. Toutefois, les autorités précisent que la mesure ne cible pas les producteurs déjà établis et opérant dans la légalité. Ce n’est pas la première fois que le Burkina Faso tente de réguler son secteur aurifère ; une initiative similaire avait été mise en place dans les années 1990 avant la libéralisation de la filière.
Dans ce contexte réglementaire en évolution, les acteurs du secteur aurifère doivent désormais vendre leur production à la Société nationale des substances précieuses, soulevant des questions sur les modalités de mise en œuvre de cette politique, notamment en ce qui concerne les prix, les délais d’achat et la liquidité pour les transactions.
En parallèle, le Burkina Faso continue de renforcer son infrastructure minière avec le lancement officiel de l’usine Golden Hand le 23 janvier 2024. Située à Kossodo, cette installation vise à extraire les métaux précieux des résidus miniers, marquant un tournant dans la gestion des ressources minières du pays. La mise en service de cette usine, ainsi que la planification d’une raffinerie d’or pour août 2024, témoigne de l’ambition du Burkina Faso de valoriser sur place ses ressources aurifères, contribuant à une exploitation minière plus responsable et au développement économique national.
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