Au cœur des tensions géopolitiques en Afrique du Nord, la concurrence pour le contrôle des nouvelles routes d’exportation du gaz naturel s’intensifie, illustrée par la rivalité croissante entre le Maroc et l’Algérie. Les récentes découvertes de réserves de gaz au Sénégal ont mis en lumière de nouvelles opportunités d’approvisionnement en gaz naturel liquéfié (GNL) pour l’Europe, exacerbant la compétition régionale.
Le Maroc, en quête d’affirmation sur l’échiquier énergétique, envisage la construction d’un gazoduc reliant le Sénégal à l’Europe via la Mauritanie, un projet qui lui permettrait de s’imposer comme un acteur clé dans le transit du gaz vers le vieux continent.
L’Algérie ne veut pas se laisser faire
Cependant, l’Algérie, forte de son statut de fournisseur historique de gaz à l’Europe, ne reste pas passive face à cette nouvelle donne. Le 7ème Sommet du Forum des pays exportateurs de gaz, organisé à Alger, a été le théâtre d’une démonstration de force de la part de l’Algérie qui a renforcé ses liens avec le Sénégal et mis en avant sa coopération avec le Nigeria. L’accent mis sur le projet de gazoduc transsaharien (TSGP), visant à relier les champs gaziers nigérians au réseau algérien, témoigne de la volonté de l’Algérie de consolider sa position dominante dans le secteur gazier africain et de contrer l’influence montante du Maroc.
La rivalité entre Rabat et Alger trouve un nouvel écho dans les couloirs des négociations énergétiques, où chaque camp cherche à sécuriser son accès aux marchés européens tout en limitant l’influence de son voisin. La Déclaration d’Alger, issue du sommet, réaffirme la solidarité entre les pays membres du GECF et peut être interprétée comme un message politique visant à marginaliser le Maroc dans les discussions sur l’avenir énergétique de la région.
Le Nigeria tiraillé entre les deux rivaux ?
Le projet marocain de gazoduc, qui ambitionne de connecter le Nigeria à l’Europe en traversant plusieurs pays africains, se heurte à de multiples défis, tant techniques que géopolitiques. Bien qu’il représente une initiative audacieuse pour diversifier les routes d’approvisionnement en gaz vers l’Europe, les experts s’interrogent sur sa viabilité face au projet concurrent algérien, jugé plus réaliste au regard des infrastructures existantes et des alliances politiques en place.
Dans ce contexte de compétition acharnée, l’avenir énergétique du Maghreb semble suspendu à l’issue des tractations entre les principaux acteurs régionaux. L’Algérie et le Maroc, en cherchant à étendre leur influence sur le marché du gaz, ne font pas seulement valoir leurs intérêts économiques mais engagent également leurs relations diplomatiques dans une partie d’échecs où chaque mouvement est scruté avec attention par les observateurs internationaux. La région, riche en ressources énergétiques, reste un théâtre majeur des rivalités géopolitiques, où l’enjeu du gaz naturel redessine les alliances et les antagonismes.
Laisser un commentaire