La Russie a inauguré sa première base militaire sous l’égide de l’ »Africa Corps » à Loumbila, non loin de Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso. Cette installation, mise en lumière par des images satellites récentes, témoigne de l’expansion rapide de ce site depuis décembre 2023. Ce développement survient dans un contexte de coopération militaire accrue entre le Burkina Faso et la Russie, illustré par les visites fréquentes de délégations russes, sous l’œil bienveillant du chef de la junte burkinabé, Ibrahim Traoré.
L’ »Africa Corps » représente une nouvelle stratégie de la Russie visant à accroître son influence sur le continent africain. Pour la Russie, l’objectif de cette force est de mener des opérations militaires d’envergure pour soutenir les nations africaines désireuses de s’affranchir de la dépendance néocoloniale, éliminer l’influence occidentale et revendiquer leur souveraineté totale. Cette initiative reflète l’ambition de Moscou de remodeler les dynamiques de pouvoir en Afrique et de s’imposer comme un acteur majeur, en contraste avec les efforts de la Chine et des puissances occidentales.
L’émergence de l’ »Africa Corps » coïncide également avec la volonté de la Russie de reprendre le contrôle des activités du Groupe Wagner en Afrique, suite au décès de son leader, Egveni Prigojine. Depuis 2018, Wagner avait établi une présence notable dans plusieurs pays, notamment en République centrafricaine, en Libye, au Soudan et au Mali, consolidant ainsi l’influence russe.
Cette expansion russe intervient à un moment où la compétition géopolitique en Afrique s’intensifie, avec la Russie, la Chine et les puissances occidentales rivalisant pour l’influence. La Chine, notamment, déploie une stratégie d’investissement et de partenariat économique, tandis que la Russie mise sur le renforcement militaire et sécuritaire. Ce contexte complexe redéfinit les alliances et les rapports de force sur le continent, offrant à la Russie l’opportunité de consolider sa présence.
Le déploiement de l’ »Africa Corps » au Burkina Faso, en particulier, signale une érosion de l’influence française dans ses anciennes colonies, telles que le Mali et la Centrafrique. L’arrivée d’une délégation russe à Ouagadougou en novembre dernier et le retrait progressif des troupes françaises de la région soulignent un réalignement géopolitique majeur. Ces évolutions illustrent la stratégie de Moscou visant à se positionner comme un partenaire privilégié des nations africaines, en quête d’alternatives aux influences traditionnelles.
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