L’Afrique, continent d’une richesse minière colossale, abrite des réserves d’or parmi les plus importantes au monde. Des pays comme le Mali, le Burkina Faso et le Niger figurent en tête de liste pour la production aurifère. Cependant, l’industrie minière africaine est confrontée à de nombreux défis. La non-professionnalisation du secteur, le manque de transformation sur place et une régulation insuffisante ouvrent la porte à une exploitation illégale massive, nuisant à l’économie locale et au développement durable.
Des enquêtes récentes montrent que l’exploitation artisanale et à petite échelle est une source considérable de pertes économiques pour les États africains. En 2017, une grande partie de l’or extrait illégalement au Mali, au Burkina Faso et au Niger a été exportée en dehors des circuits légaux, échappant ainsi aux taxes d’exportation et privant ces pays de ressources cruciales. Selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), ces activités représentaient plus de 2 milliards de dollars cette année-là.
Le phénomène ne se limite pas à l’Afrique de l’Ouest. L’ONG américaine The Sentry révèle que chaque année, 4 milliards de dollars d’or quittent illégalement les pays d’Afrique centrale et de l’Est. Ces flux financiers illicites échappent au contrôle des États, qui perdent non seulement des devises étrangères mais aussi d’importantes recettes fiscales. La porosité des frontières et le laxisme de certains centres internationaux de négoce d’or facilitent cette contrebande.
Le rapport de The Sentry, publié en février 2021, met en lumière le rôle central des Émirats arabes unis dans ce commerce illicite. Selon des données analysées par Reuters, les importations d’or des Émirats en provenance d’Afrique ont considérablement augmenté, passant de 67 tonnes en 2006 à 446 tonnes en 2016. Ces importations massives, d’une valeur de 15,1 milliards de dollars, soulignent l’ampleur du problème.
L’impact de ces activités ne se limite pas aux pertes économiques immédiates. En 2016, les Émirats arabes unis ont surpassé la Chine en devenant le principal importateur d’or africain, doublant presque les achats de l’année précédente avec une différence de 3,9 milliards de dollars entre les chiffres déclarés par les Émirats et ceux des pays africains. Cette disparité dans les données d’exportation et d’importation révèle un écart significatif dans les comptabilités officielles, pointant du doigt les défis de la traçabilité de l’or.
En conclusion, malgré les nombreuses enquêtes et rapports, peu de progrès ont été réalisés pour endiguer le flot d’or exporté illégalement d’Afrique vers les Émirats arabes unis et au-delà. La lutte contre la contrebande d’or nécessite une coopération internationale renforcée, une régulation plus stricte et un engagement plus ferme des pays impliqués pour protéger les richesses naturelles du continent africain et assurer un développement économique plus équitable et durable.
Laisser un commentaire