Dans le cadre de l’ambition de transformer l’agriculture africaine via les technologies biotechnologiques, la Fondation Bill & Melinda Gates a injecté des fonds substantiels dans le développement de semences génétiquement modifiées (OGM) sur le continent. Toutefois, un rapport de Reporterre révèle que les résultats attendus par ces investissements massifs n’ont pas été à la hauteur des espérances, soulignant un échec notable dans l’atteinte des objectifs de développement agricole durable en Afrique. Un projet qui était de toute façon très critiqué, les bénéfices à long terme de telles pratiques n’ayant pas été prouvées scientifiquement.
Les initiatives financées par la Fondation ont principalement visé à mettre au point des variétés de plantes pouvant résister aux insectes et aux maladies, en partenariat avec des institutions de recherche locales et internationales. Cependant, Joeva Sean Rock, chercheuse en études du développement à l’université de Cambridge et collaboratrice au mBio project, critique la manière dont ces projets ont été conduits. Selon elle, ces initiatives étaient souvent plus adaptées aux intérêts des entreprises privées qu’aux réels besoins des agriculteurs africains.
L’impact minimal des cultures OGM sur l’agriculture africaine est particulièrement palpable lorsque l’on considère le nombre de projets qui n’ont jamais dépassé la phase de recherche. D’après les données du mBio project, environ 60% des recherches publiques financées n’ont pas abouti à des produits commercialisables. Cette statistique met en évidence l’écart entre les investissements consentis et les bénéfices tangibles pour les agriculteurs du continent.
Un exemple marquant de cette déconnexion est le partenariat établi au Burkina Faso, où le coton Bt développé par Monsanto, en collaboration avec des chercheurs locaux entre 2008 et 2016, a fini par être abandonné. La qualité inférieure de la fibre produite a rendu les récoltes invendables, laissant les agriculteurs endettés en raison des coûts élevés des semences et des intrants nécessaires à leur culture.
Au-delà des échecs spécifiques, le rapport de Reporterre met en lumière une critique plus large du modèle de développement agricole promu par la Fondation Gates. Les choix technologiques privilégiés, souvent coûteux et peu adaptés aux réalités agricoles africaines, ont été questionnés par des organisations telles qu’Action contre la faim, qui refusent de soutenir des projets basés sur les OGM en raison des dettes qu’ils génèrent pour les petits exploitants.
Ces révélations soulèvent des questions cruciales sur l’efficacité des approches top-down dans le développement agricole et la nécessité de reconsidérer les stratégies pour mieux répondre aux défis spécifiques de l’agriculture en Afrique. La dépendance aux brevets industriels et l’absence de solutions véritablement adaptées aux conditions locales sont des obstacles majeurs à surmonter pour réaliser le potentiel agricole du continent.
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