La crise sanitaire mondiale déclenchée par la COVID-19 et la guerre en Ukraine ont provoqué des chocs économiques majeurs, perturbant profondément l’économie mondiale. La pandémie a entraîné des perturbations sans précédent dans les chaînes d’approvisionnement, une volatilité des marchés financiers et une pression accrue sur les systèmes de santé publique, ce qui a ralenti la croissance économique à l’échelle mondiale. Parallèlement, le conflit en Ukraine a exacerbé ces défis, en provoquant une hausse des prix de l’énergie et des matières premières, ce qui a alimenté l’inflation et réduit le pouvoir d’achat des consommateurs.
Selon Patrick Artus, conseiller économique de Natixis relayé par Radio classique, l’Europe se trouve particulièrement en difficulté par rapport à d’autres régions comme les États-Unis. L’un des handicaps majeurs de l’Europe réside dans son déclin démographique et sa faible productivité, qui ne sont pas des phénomènes récents mais qui s’aggravent avec le temps. La population en âge de travailler y diminue presque de 0,5% chaque année, ce qui compromet sérieusement le potentiel de croissance économique.
En outre, les projections économiques pour 2050 sont sombres pour l’Europe. Tandis que les États-Unis pourraient connaître une croissance cumulée de 90%, l’Union européenne ne s’attend qu’à une croissance de 11%. Cette stagnation relative pose la question de l’avenir de l’Europe en tant que puissance économique significative sur la scène mondiale. Les investissements en recherche et en nouvelles technologies sont particulièrement faibles en Europe par rapport aux États-Unis, où ils représentent 3,5% du PIB contre un peu plus de 2% dans l’Union.
La situation n’est guère plus réjouissante sur d’autres fronts. Le vieillissement de la population, un équilibre fragile entre vie professionnelle et vie privée qui favorise moins de travail, et des niveaux d’investissement insuffisants en numérisation et intelligence artificielle placent l’Europe en position défavorable par rapport à ses concurrents internationaux. Des grandes entreprises américaines comme Alphabet, Amazon, et Apple investissent massivement en recherche et développement, une dynamique qui manque cruellement en Europe.
Sur le plan géopolitique, l’Europe fait également face à des vents contraires, exacerbés par des politiques protectionnistes récentes comme celles des États-Unis qui ont imposé des droits de douane élevés sur les produits chinois, et un retour potentiel de politiques similaires sous des administrations comme celle de Donald Trump. Cela risque d’affaiblir davantage l’ordre économique mondial libéral, qui a soutenu la croissance et la stabilité économiques depuis la Seconde Guerre mondiale.
Malgré ces défis, certains experts mettent en garde contre une vision trop pessimiste. Bien que l’Europe ait été durement frappée par plusieurs crises, ses performances économiques ne sont pas aussi mauvaises que beaucoup pourraient le craindre. Il est essentiel d’éviter une prophétie autoréalisatrice en adoptant une attitude défaitiste face aux défis économiques.
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