Au Bénin, bon nombre d’employés sont stressés et malheureux à leurs postes, en raison du perfectionnisme toxique de leurs chefs ou employeurs. Certains finissent par abandonner leur boulot afin de ne pas sombrer dans la dépression.
Joséphine, une secrétaire comptable âgée de la trentaine et exerçant dans une entreprise située à Cotonou, a démissionné de son poste parce qu’elle est exaspérée de son employeur qu’elle qualifie d’éternel insatisfait. ‹‹J’avais un contrat à durée indéterminée. Le salaire était assez consistant. Mon ex-patron n’est jamais satisfait du travail de qui que ce soit. Même après avoir suivi à la lettre ses instructions, il dit toujours que je ne fais rien de bon. Je commençais à douter de mes compétences, à être toujours stressée et de mauvaise humeur. J’ai fini par démissionner après un an de travail, pour échapper à la dépression ››, a confié la jeune femme. ‹‹ Je me souviens quand même que lors de ma toute première conversation avec lui, il m’avait dit qu’il est un perfectionniste. Et j’avais pensé que c’était quelque chose de facile à gérer ››, a-t-elle ajouté.
Ulrich, un jeune homme également âgé d’une trentaine d’années, subit le même type de traitement de la part de son employeur. ‹‹ Il arrive des fois où je me dis » aujourd’hui j’ai mis le paquet. Mon patron sera fier de moi ». Mais à son arrivée, il me dit » jeune homme, je ne te sens pas. Tu n’utilises pas du tout tes potentialités comme il le faut ». Ça me décourage à chaque fois. J’ai un visage de deuil chaque dimanche soir parce que je n’ai aucune envie que le jour se lève pour que j’aille au boulot lundi matin ››, a-t-il déploré. Il continue de travailler avec son employeur, en espérant trouver un meilleur emploi avant de démissionner.
Le perfectionniste
D’après le psychologue clinicien et consultant en stratégies éducatives Kouassi Comlan, le perfectionniste se définit comme une personne qui a tendance à rechercher l’excellence et à viser des standards élevés dans ses activités et ses réalisations quotidiennes. Il est également à la recherche de la perfection et de l’excellence chez les autres personnes. Il existe deux types de perfectionnistes. Le perfectionniste sain et le perfectionniste problématique. Le perfectionniste problématique a des standards vraisemblablement impossibles à atteindre. Il est exagérément rigoureux envers lui-même et envers les autres. ‹‹Lorsqu’il a des collaborateurs, il a du mal à déléguer les tâches parce qu’il veut se rassurer de la bonne manière de faire la tâche. Il a du mal à apprécier les efforts de ses collaborateurs à la juste valeur. C’est une personne qui vit dans la peur constante de l’échec. Elle a peur de réaliser quelque chose sans atteindre l’excellence ››, explique le psychologue.
Pour le bon fonctionnement de l’entreprise, il faut que le chef puisse faire des retours constructifs qui vont permettre aux collaborateurs ou employés d’apprendre et de grandir. Mais le perfectionniste ne pourra pas le faire. Il sera toujours dans une dynamique de juger, de critiquer la non-performance de son équipe. Un employeur perfectionniste problématique impacte négativement le rendement de ses employés, parce qu’il a du mal à faire des retours constructifs. Le spécialiste souligne que le perfectionnisme excessif est toxique et peut entraîner le stress excessif et l’anxiété chez les employés. Ce qui endommage la santé mentale de ceux-ci. Le patron perfectionniste problématique peut causer un épuisement professionnel pour lui-même et pour ses employés.
Le perfectionniste sain, contrairement au perfectionniste problématique, a un comportement flexible par rapport à ses attentes. Il est flexible dans l’évaluation de ses performances ainsi que celles des autres. Il a des standards de performance bien élevés, mais il demeure réaliste en fonction des capacités et des circonstances. Il est en mesure de ressentir une satisfaction qui lui permet d’être conscient des efforts déployés et de la beauté de la tâche accomplie.
Maintien d’un climat de travail sain
Le psychologue souligne qu’il est important que les chefs perfectionnistes cultivent le perfectionnisme sain. Ils doivent apprendre à recalibrer leurs attentes afin de favoriser un environnement de travail équilibré. L’employé qui a un chef perfectionniste doit se cultiver, être cohérent et fiable dans ses efforts. Il doit montrer à son chef qu’il est autant déterminé et engagé que lui. Le travailleur doit suivre les directives de son patron pour que ce dernier puisse se sentir comme si c’était lui-même qui avait accompli cette tâche. Il est crucial que l’employé sache imposer ses limites et qu’il sache dire non quand il le faut. ‹‹Il faut identifier dans l’entreprise ses ressources de soutien. Ça peut être un collègue ou les membres des ressources humaines. Il faut aussi être dans la dynamique de changer de profession si les conditions peuvent endommager votre santé mentale ››, a conclu le psychologue.
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