France : C8 de Bolloré perd sa fréquence après de nombreux dérapages

Le paysage audiovisuel français connaît un bouleversement majeur avec la décision de l’Arcom de ne pas renouveler la fréquence de C8, l’une des chaînes phares du groupe Bolloré. Cette décision, annoncée le mercredi 24 juillet, marque un tournant dans l’histoire de la chaîne et soulève des questions sur l’avenir du groupe médiatique controversé de Vincent Bolloré.

C8, connue pour son émission phare « Touche pas à mon poste » animée par Cyril Hanouna, a accumulé pas moins de 7,6 millions d’euros de sanctions au cours des huit dernières années. Ces sanctions, fruit de nombreux dérapages et polémiques, ont finalement pesé lourd dans la balance lors de l’examen des candidatures pour le renouvellement des fréquences de la TNT.

L’empire médiatique de Bolloré ébranlé

L’empire médiatique de Vincent Bolloré, construit patiemment au fil des années, se trouve aujourd’hui fragilisé. Le milliardaire breton, qui a mis ses médias au service d’une ligne éditoriale controversée, voit l’un de ses principaux vecteurs d’influence perdre son canal de diffusion privilégié. Cette décision de l’Arcom intervient dans un contexte où le groupe Bolloré est accusé de promouvoir des idées d’extrême droite et de contribuer à la polarisation du débat public en France.

La perte de la fréquence de C8 n’est pas seulement un coup dur pour le groupe sur le plan financier – la chaîne ayant essuyé 48,5 millions d’euros de pertes nettes en 2023 – mais elle remet également en question la stratégie globale de Bolloré dans le paysage médiatique français. Cette stratégie, qui visait à créer une alliance entre la droite traditionnelle et l’extrême droite, semble aujourd’hui compromise.

Le cas de CNews, l’autre chaîne du groupe, illustre parfaitement les défis auxquels fait face l’empire Bolloré. Bien que conservant sa fréquence, CNews a dû prendre une série d’engagements pour favoriser le pluralisme sur son antenne, répondant ainsi aux critiques qui l’accusent de promouvoir des opinions d’extrême droite.

Un signal fort pour l’audiovisuel français

La décision de l’Arcom de retirer la fréquence à C8 envoie un signal fort à l’ensemble du secteur audiovisuel français. Elle démontre que le régulateur est prêt à prendre des mesures drastiques pour garantir le respect des obligations légales et éthiques des chaînes de télévision.

Cette décision a été saluée par certains observateurs, dont Thibaut Bruttin, directeur général de Reporters sans frontières, qui y voit une prise de responsabilité courageuse du régulateur dans un contexte de débat public polarisé. Cependant, d’autres voix s’élèvent pour dire que cette mesure, bien que significative, reste insuffisante face aux défis que pose la concentration des médias et la diffusion d’opinions extrêmes.

Le retrait de C8 de la TNT ne signifie pas pour autant la fin de la chaîne. Les possibilités offertes par Internet, les box et les télévisions connectées pourraient permettre à C8 de continuer à diffuser ses programmes sous une autre forme. De même, Cyril Hanouna, figure emblématique de la chaîne, pourrait rebondir sur une autre plateforme.

Cette décision de l’Arcom marque donc un tournant dans le paysage audiovisuel français. Elle souligne l’importance du respect des règles éthiques et du pluralisme dans les médias, tout en posant la question de l’adaptation des régulations à l’ère du numérique. L’avenir dira si cette mesure aura l’effet escompté sur la qualité et la diversité de l’offre médiatique en France, ou si elle ne fera que déplacer le problème vers d’autres plateformes moins régulées.