La Russie veut s’affranchir des USA dans un domaine stratégique

Iouri Borissov et Vladimir Poutine (DR)

Les relations entre les États-Unis et la Russie se sont considérablement détériorées ces dernières années, marquées par une série de tensions diplomatiques, économiques et géopolitiques. La crise ukrainienne, les accusations d’ingérence électorale, les sanctions économiques mutuelles et les divergences sur des questions internationales ont contribué à creuser le fossé entre les deux puissances. Cette dégradation a poussé les deux pays à chercher une plus grande autonomie dans divers secteurs stratégiques, notamment dans le domaine spatial, où la collaboration était autrefois un symbole de coopération malgré les différends politiques.

Le secteur spatial, longtemps terrain d’entente entre Moscou et Washington, devient le théâtre d’une nouvelle indépendance russe. Roscosmos, l’agence spatiale russe, a récemment approuvé le calendrier de création d’une station spatiale nationale, marquant ainsi la volonté du pays de poursuivre seul l’exploration de l’orbite terrestre basse après son départ de la Station Spatiale Internationale (ISS).

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Ce projet ambitieux, baptisé ROSS (Russian Orbital Service Station), prévoit le lancement de son premier module dès 2027. Vladimir Poutine, président de la Fédération de Russie, a souligné l’importance de synchroniser ce développement avec la fin de vie de l’ISS, afin d’assurer une continuité dans la présence russe en orbite.

Le plan de Roscosmos est structuré autour de quatre modules principaux. Le premier, à vocation scientifique et énergétique, sera suivi par trois autres d’ici 2030 : un nÅ“ud universel pour l’extension, un sas et un module central. Deux modules spécialisés supplémentaires sont prévus entre 2031 et 2033, complétant ainsi la configuration initiale de ROSS.

L’investissement financier pour ce projet s’élève à environ 609 milliards de roubles, soit près de 6,4 milliards d’euros. Cette somme considérable témoigne de l’importance stratégique accordée par la Russie à son indépendance spatiale.

Iouri Borissov, directeur de Roscosmos, met en avant les avantages de cette nouvelle station pour la Russie. Selon lui, ROSS permettra de résoudre des problèmes de développement scientifique et technologique, d’économie nationale et de sécurité nationale qui ne peuvent être traités sur le segment russe de l’ISS, en raison de limitations technologiques et d’accords internationaux contraignants.

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Cette décision de Moscou s’inscrit dans un contexte plus large de multiplication des acteurs en orbite terrestre basse. Alors que la Russie s’engage dans ce nouveau projet, la Chine poursuit le développement de sa station Tiangong, et des initiatives de stations spatiales commerciales émergent. Cette diversification des présences orbitales soulève des questions sur la future coopération internationale dans l’espace et les enjeux de sécurité qui en découlent.

Le projet ROSS représente un tournant dans l’histoire spatiale russe, marquant la fin d’une ère de collaboration étroite avec les États-Unis et leurs alliés. Il reflète la volonté de Moscou de maintenir son statut de puissance spatiale indépendante, capable de mener ses propres missions et de servir ses intérêts nationaux sans contraintes externes.

Cependant, ce changement de paradigme soulève des interrogations sur l’avenir de la coopération spatiale internationale. Alors que l’espace a longtemps été un domaine où la collaboration transcendait les tensions terrestres, cette nouvelle approche pourrait annoncer une ère de compétition accrue entre les nations spatiales.

2 réponses

  1. Avatar de Le baikal
    Le baikal

    On reverra une station MIR recomposee. Deja que le developpement de L’ISS s’est fait grace aux russes avec l’experience de MIR, maintenant les crottes sont cuites et l ‘ISS sera en fin de vie, les americains en recevront les debris.

  2. Avatar de Tchité
    Tchité

    Bientôt l’AES aussi dans l’espace. La CEDEAO qui est incapable d’imprimer une monnaie depuis des décennies se reverra recolonisée par Lecoin, son général.

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