Nigéria: face à l’inflation, Tinubu double le salaire minimum de la fonction publique

Bola Tinubu (Vanguard)

L’économie mondiale traverse une période de turbulences sans précédent depuis le début de la pandémie de COVID-19 en 2020. La crise sanitaire a profondément bouleversé les chaînes d’approvisionnement mondiales et perturbé la production dans de nombreux secteurs, entraînant une flambée des prix des matières premières et des biens de consommation. La reprise économique post-pandémie, caractérisée par une demande refoulée et des pénuries persistantes, a alimenté une spirale inflationniste dans de nombreux pays. Cette situation s’est encore aggravée avec le déclenchement du conflit en Ukraine en 2022, qui a provoqué une envolée des prix de l’énergie et des denrées alimentaires à l’échelle mondiale. Les pays émergents et en développement, particulièrement vulnérables aux chocs économiques externes, ont été frappés de plein fouet par cette conjoncture défavorable, voyant leur monnaie se déprécier et le coût de la vie augmenter drastiquement pour leurs populations.

Une mesure insuffisante face à l’inflation galopante

Dans ce contexte économique difficile, le Nigeria vient de prendre une décision importante : le doublement du salaire minimum pour les fonctionnaires. Cette augmentation, fruit de longues négociations entre le gouvernement du président Bola Tinubu et les syndicats, porte le salaire minimum mensuel de 30 000 à 70 000 nairas, soit environ 44 dollars. Bien que cette hausse puisse sembler significative à première vue, elle reste largement insuffisante face à la réalité économique du pays.

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L’inflation au Nigeria atteint des sommets vertigineux, dépassant les 34% en juin dernier, avec une inflation alimentaire frôlant les 41%. Dans ces conditions, le nouveau salaire minimum, équivalent à environ 34 euros, peine à couvrir les besoins essentiels des travailleurs. Pour illustrer cette situation précaire, on peut noter qu’un sac de riz de la marque la moins chère du marché coûte à lui seul presque autant que ce nouveau salaire minimum. Cette comparaison saisissante met en lumière l’ampleur du défi auquel sont confrontés les Nigérians pour joindre les deux bouts.

Des négociations tendues et des perspectives incertaines

Les syndicats nigérians avaient initialement revendiqué un salaire minimum de 250 000 nairas, soit plus de trois fois le montant finalement accordé. Leur décision d’accepter une offre bien inférieure témoigne de l’urgence de la situation et de leur volonté de trouver un compromis pour « aider les Nigérians à faire face à la difficulté de la vie » dans l’immédiat. Cependant, cette concession soulève des questions sur l’efficacité à long terme de cette mesure.

Le gouvernement s’est engagé à réévaluer ce salaire minimum tous les trois ans, mais cette promesse semble bien maigre face à la rapidité avec laquelle l’inflation érode le pouvoir d’achat des travailleurs. De plus, l’application effective de cette augmentation salariale dans tous les États du pays reste incertaine, certains citoyens exprimant leurs doutes quant à la volonté des gouverneurs locaux de mettre en œuvre cette décision fédérale.

Cette situation met en exergue les défis auxquels font face les économies émergentes comme le Nigeria dans un contexte mondial instable. Alors que le pays tente de naviguer entre les pressions inflationnistes, les demandes sociales et les contraintes budgétaires, il est clair que des mesures plus ambitieuses et structurelles seront nécessaires pour améliorer durablement les conditions de vie de la population. Le doublement du salaire minimum, bien qu’il représente un pas dans la bonne direction, apparaît comme une goutte d’eau dans l’océan des difficultés économiques que traverse le Nigeria. Il souligne la nécessité d’une approche plus globale et coordonnée pour lutter contre l’inflation, stimuler la croissance économique et assurer une distribution plus équitable des richesses dans le pays le plus peuplé

5 réponses

  1. Avatar de Aziz le sultan
    Aziz le sultan

    J y ai mis pied..deux fois dans ce pays..
    Une journée..me paraissait..un an.. tellement..je me sentais pas.. bien
    Et chaque fois.. que le taxi traversait la frontière..de krake sème… pour le Bénin..je faisais..un ouf.. comme si je rentrais au paradis
    Ceci dit..gouverner..un tel pays..ne sera pas aisé..tant .. que les gens ont perdu toute humanité..
    L argent..l argent..l argent

  2. Avatar de Joeleplombier
    Joeleplombier

    Cette politique hasardeuse de dévaluation du Naira face au dollar US est une décision scandaleuse des économistes qui conseillent Tinubu . Des amateurs . Elle est désastreuse pour le pays . Je ne suis pas un expert monétaire mais les indicateurs sont au rouge.
    Il urge que Tinubu reconsidère ses rapports sur les échanges inter-Etats entre Lagos et Cotonou en libéralisant le commerce de tous produits de base entre les deux pays et le problème est réglé.
    On ne combat pas l’inflation en augmentant les salaires. C’est à croire qu’il n’y a plus d’économistes dans ce grand pays . La solution ; c’est le Bénin . La libéralisation des échanges et le Naira retrouvera son taux normal par rapport au dollar US. Le cas contraire ; le Nigeria fera face à une grave crise alimentaire et la raréfaction des denrées de premières nécessités. Faute de pouvoir d’achat des populations. Le PAM ( Programme alimentaire mondial) ne sera pas à la hauteur si cette crise advenait.
    Je passais
    Le Plombier universitaire

    1. Avatar de (@_@)
      (@_@)

      C’est un sujet financier effectivement et les échanges, le marché avec le Bénin seraient très largement insuffisants à régler le problème, si tant est que ça ait pu être une solution.

      Les problèmes du Nigéria sont :
      la corruption. pas celle de la société uniquement, mais celle, de façon déterminante, des classes dirigeantes dans les domaines critiques.

      L’autre problème, c’est la structure de l’économie nigériane elle reste celle d’un pays du tiers monde. Exportation de matière 1ère soumise aux aléas de la conjoncture internationale.
      -Pas d’économie significativement diversifiée.
      -Peu de transformation locale des richesses exportées (intégration nationale de la chaine de valeur),
      -et des troupeaux d’acteurs économiques majeurs, qui en tirent profits personnels sans partage.
      Il suffit de voir les obstacles qu’ils mettent sur la route des projets de raffineries de DANGOTE…

      Résultat, la population a perdu confiance dans la monnaie de son propre pays, la culture de la combine et la faiblesse des contrôles de l’Etat nigérian faisant le reste.

      Pour les panafricons et ceux qui s’enivrent de leur discours. L’Afrique doit tourner la page du CFA
      Arrêtez d’enfoncer des portes ouvertes, bandes de c… !

      Mettez de façon transparente ce que vous proposez si vous savez où aller.
      Idem pour les gouvernants, intellectuels et sachants financiers, au lieu de jouer aux mystérieux, détenteurs de savoirs magiques.

      Ce sont les africains qui utiliseront la monnaie post-CFA et vous ne pourrez sortir une monnaie du chapeau sans en avoir longuement débattu de façon didactique.

      \\\\.///
      (@_@)

      1. Avatar de Joeleplombier
        Joeleplombier

        Ta contribution est significative. Effectivement ce pays a une structure Etatique désorganisée.
        Cette inflation galopante est structurelle ; elle est une conséquence de la dévaluation du Naira voulue et mise en œuvre par Tinubu après sa prise du pouvoir qui plonge le pays dans le marasme économique.
        Malheureusement. Ce qui a également un impact probant sur l’économie de notre pays.
        Rien à voir donc avec le projet de changement de monnaie des pays de l’UEMOA.
        Je passais
        Le Plombier universitaire

  3. Avatar de (@_@)
    (@_@)

    Il faut quitter le CFA !

    \\\\.///
    (@_@)

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