Le cadre de concertation de l’opposition a exprimé, mercredi 12 mars 2025, son inquiétude face à l’absence de relecture du Code électoral adopté en mars 2024. Réunis au Chant d’Oiseau à Cotonou, les représentants des partis politiques opposés au régime de Patrice Talon ont examiné les implications de cette loi et dénoncé les obstacles qu’elle impose à la participation électorale.
Un appel à la préservation de la démocratie
Selon Antoine Guédou Vissetogbé, porte-parole du regroupement, la démarche du cadre de concertation dépasse les clivages partisans et concerne l’ensemble des citoyens attachés à la démocratie et à la paix sociale. « Appliquer ce Code sans un large consensus risque de fragiliser la stabilité du pays », a-t-il averti.
Les participants ont unanimement dénoncé l’attitude du gouvernement, qui, selon eux, refuse toute relecture du texte malgré les nombreuses interpellations. Ils rappellent que plusieurs figures influentes, dont le clergé, d’anciens présidents de la République, d’anciens présidents d’institutions et des organisations de la société civile, ont appelé à un dialogue inclusif sur cette question, en vain.
Une saisine des instances internationales envisagée
Face à ce qu’ils considèrent comme une menace pour la transparence des prochaines élections, les membres du cadre de concertation de l’opposition entendent porter l’affaire devant des institutions internationales. Ils estiment que la réforme électorale actuelle prépare un terrain favorable à des élections biaisées.
Un groupe de cinq juristes béninois a déposé un recours devant la Cour africaine des droits de l’Homme et des peuples. Selon leur argumentaire, les nouvelles dispositions du Code électoral violent plusieurs principes fondamentaux du droit international. Ils dénoncent notamment des critères d’éligibilité qui restreindraient l’accès des candidats aux postes électifs et contreviendraient aux articles 24 de la Déclaration universelle des droits de l’homme et à la décision DCC n°24-001 du 4 janvier 2024 de la Cour constitutionnelle du Bénin.
Un plaidoyer soutenu par l’Église catholique
La Conférence épiscopale du Bénin (CEB) s’est également exprimée sur la nécessité de revoir le Code électoral. Lors d’un colloque organisé le 25 avril 2024 au Chant d’Oiseau à Cotonou, elle a souligné les risques liés aux nouvelles exigences introduites par la loi n°2024-13. Parmi les huit recommandations formulées à l’issue de cette rencontre, l’Église demande instamment aux autorités politiques, y compris au président Patrice Talon et aux députés, de favoriser un cadre de dialogue inclusif pour des élections transparentes et consensuelles.
Le Secrétaire général adjoint de la Conférence épiscopale du Bénin, le père Éric Okpéïcha, a mis en lumière les inquiétudes soulevées par les nouvelles règles du Code électoral, notamment celles relatives au seuil des 20 % des suffrages exigé pour qu’un parti puisse prétendre à une répartition des sièges au Parlement. Selon l’Église catholique, cette disposition pourrait limiter drastiquement la diversité politique et exclure certaines formations du processus électoral, portant ainsi atteinte à la représentativité démocratique.
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