Nucléaire : ce pays européen fait un revirement inattendu

© LUDOVIC MARIN / AFP

La crise énergétique provoquée par la guerre en Ukraine a relancé le débat sur l’énergie nucléaire en Europe. Face à la flambée des prix du gaz et à la nécessité de réduire les émissions de carbone, plusieurs pays réévaluent leur position sur l’atome. Parmi eux, l’Italie surprend en annonçant un virage à 180 degrés dans sa politique énergétique.

Après des décennies de rejet, la péninsule italienne s’apprête à renouer avec l’énergie nucléaire. Cette décision, portée par le gouvernement de Giorgia Meloni, marque un tournant spectaculaire pour un pays qui avait tourné le dos à l’atome il y a plus de 35 ans. Tel un phénix renaissant de ses cendres, le nucléaire italien s’apprête à faire son grand retour, bousculant les certitudes établies depuis le référendum de 1987.

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Ce revirement s’inscrit dans un contexte européen mouvementé. La dépendance au gaz russe, mise en lumière par le conflit en Ukraine, a poussé de nombreux États à repenser leur mix énergétique. L’Italie, particulièrement vulnérable aux fluctuations du marché gazier, cherche à diversifier ses sources d’énergie pour garantir son indépendance et sa sécurité énergétiques.

Le plan italien est ambitieux : produire 11% de l’électricité du pays grâce à l’atome d’ici 2050. Pour y parvenir, Rome mise sur une technologie innovante : les petits réacteurs modulaires (SMR). Ces mini-centrales, présentées comme plus sûres et plus flexibles que leurs grandes sœurs, incarnent la nouvelle génération du nucléaire. C’est un pari audacieux pour un pays qui n’a plus de centrale en activité depuis des décennies.

Cette renaissance nucléaire ne fait cependant pas l’unanimité. Le souvenir de Tchernobyl, qui avait scellé le sort de l’atome italien, reste vivace dans les mémoires. De nombreux citoyens et experts s’inquiètent de la sécurité de ces nouvelles technologies et de leur coût. Le débat promet d’être houleux, à l’image d’une mer Méditerranée agitée par les vents contraires.

Le gouvernement Meloni, lui, affiche sa détermination. Pour le ministre de l’Environnement, Gilberto Pichetto Fratin, ce retour à l’atome est une nécessité pour atteindre la neutralité carbone en 2050. L’argument climatique est brandi comme un étendard, dans un pays régulièrement frappé par les canicules et la sécheresse. Le nucléaire est présenté comme un allié de poids dans la lutte contre le réchauffement climatique.

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L’Italie se trouve ainsi à la croisée des chemins. D’un côté, l’urgence climatique et la quête d’indépendance énergétique poussent à l’action. De l’autre, les craintes liées à la sécurité et les traumatismes du passé freinent les ardeurs. Le pays de Dante s’apprête à écrire un nouveau chapitre de son histoire énergétique, oscillant entre innovation et précaution.

Ce revirement italien pourrait avoir des répercussions bien au-delà de ses frontières. Il illustre les dilemmes auxquels font face de nombreux pays européens, tiraillés entre les impératifs environnementaux, les réalités économiques et les inquiétudes de leurs populations. Le choix de l’Italie sera scruté de près par ses voisins, pouvant potentiellement influencer leurs propres politiques énergétiques.

En définitive, le retour de l’Italie au nucléaire s’apparente à une véritable révolution copernicienne dans le paysage énergétique européen. Il témoigne de la complexité des défis auxquels font face nos sociétés modernes, où les décisions d’aujourd’hui façonneront le monde de demain. Reste à voir si cette renaissance nucléaire à l’italienne saura convaincre une population encore marquée par les fantômes du passé.

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