À l’occasion de la célébration des 64 ans d’indépendance du Bénin, des Béninoises ont livré leurs impressions sur les manifestations qui s’annoncent. Pendant que certaines saluent les progrès enregistrés par le Bénin, d’autres estiment que le Bénin n’a aucune raison de réjouissance.
Bernadette Tossa, âgée de 75 ans, enseignante à la retraite.
Le Bénin a des raisons de célébrer ses 64 ans d’indépendance. Le Bénin, depuis son accession à l’indépendance, a évolué sur tous les plans. Autrefois, les écoles étaient gérées par les missionnaires européens. Aujourd’hui, le Bénin lui-même gère ses écoles. Les infrastructures routières et touristiques sont de belles réalisations du pays. Concernant la santé, il y a eu assez d’évolution. Avec le président Patrice Talon, il n’y a plus de grève dans ce secteur. Ce qui permet de sauver des vies. Les hôpitaux sont de mieux en mieux équipés et il y a la construction d’un nouvel hôpital de référence. Je souhaite que mon pays, le Bénin, évolue de plus en plus chaque jour.
Géraude Kouessi, âgée d’une trentaine d’années et responsable commerciale d’une entreprise à Cotonou.
Le Bénin n’est pas encore indépendant. Je pense qu’être indépendant, c’est être capable de gérer son pays sans qu’un autre dirigeant ne puisse imposer des conditions. Sans qu’un autre dirigeant ne vienne voler dans notre patrie. Sans qu’un autre dirigeant ne puisse gérer le pays derrière notre dos. Je le dis parce que d’une manière ou d’une autre, nous savons qu’il y a des décisions qui tiennent encore compte de l’aval des grandes puissances avant leur validation dans notre pays. Que nous ne le voulions ou non, nous sommes toujours entre les mains du colon. Puisque aujourd’hui, il y a beaucoup d’entreprises françaises au Bénin et elles ne sont pas assujetties aux impôts. Au nom de quoi devrait-on accepter ça ? Et qu’est-ce que ce pays nous apporte ? Des facilitations ? Pourquoi, quand nous voulons voyager dans ce pays, il y a des protocoles de visa, il faut qu’on ait des pièces à jour, alors qu’eux, ils ne font pas face à autant de protocoles quand ils viennent chez nous ?
Sur le plan économique, nous sommes loin d’être indépendants. Parce qu’il y a beaucoup de choses que nous continuons d’importer, même en matière de produits vivriers.
Pour encourager la consommation locale, il faut aider les entreprises béninoises en leur offrant autant de facilités que possible, surtout en matière de contrôle de qualité des produits et d’autorisation de mise sur le marché. Il faudrait que les entreprises béninoises ne soient pas exaspérées par des procédures ou des payements lourds. Il faut travailler sur la compétitivité des entreprises béninoises pour qu’elles puissent gagner le marché sur les entreprises étrangères qui nous envoient des produits importés à des coûts élevés pour certains.
Sur le plan de l’enseignement, le système éducatif prépare au chômage. Moi, j’ai fait l’ENAM. Chaque fois que j’y mets les pieds, j’ai les larmes aux yeux. Je me demande qu’est-ce qu’on nous apprend ? Pour qu’on devienne quoi ? On nous apprend d’anciennes choses qui ne nous rendent pas compétitifs dans un monde qui évolue à une vitesse incroyable. On ne nous forme pas en tenant compte de la réalité du terrain d’aujourd’hui. On ne nous prépare pas à l’emploi.
En plus, on comprend à travers leur manière d’enseigner que nombreux sont les enseignants qui se lancent dans ce métier, non par vocation, mais juste parce qu’ils n’ont pas eu la chance d’avoir une autre profession. Il faut que nous travaillions encore beaucoup pour notre indépendance. Je pense que 64 ans est assez pour que nous puissions œuvrer pour un meilleur avenir pour les générations à venir.
Parlant du tourisme et de la culture, je félicite le gouvernement pour avoir beaucoup promu la destination Bénin. En ce qui concerne le secteur de la santé, je salue également les dirigeants pour l’hôpital de référence construit à Abomey-Calavi. Je souhaite vivement que les coûts de prise en charge des malades soient accessibles à tous les Béninois, même les plus pauvres.
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