Selon un rapport de Newsweek, Nizar Trabelsi, un ancien footballeur professionnel tunisien de 54 ans, se retrouve au cœur d’une bataille juridique complexe contre le gouvernement américain. Son parcours tumultueux, qui a débuté par son arrestation en Belgique deux jours après les attentats du 11 septembre 2001, illustre les défis et les controverses entourant la gestion des affaires de terrorisme par les autorités américaines.
Une détention controversée après l’acquittement
Condamné en 2003 à dix ans de prison en Belgique pour avoir projeté un attentat, Trabelsi a ensuite été extradé vers les États-Unis en 2013 pour faire face à de nouvelles accusations de terrorisme. Malgré son acquittement par un jury fédéral en juillet 2023, l’ex-sportif n’a pas retrouvé la liberté. Au contraire, il a été immédiatement transféré dans un centre de détention pour immigrés en Virginie, où il est considéré comme un demandeur d’admission en attente d’expulsion.
Cette situation a déclenché une vive réaction de l’American Civil Liberties Union (ACLU), qui a déposé une plainte en son nom contre le gouvernement américain. La poursuite judiciaire, dirigée contre plusieurs hauts responsables dont le ministre de la Justice Merrick Garland, dénonce une détention « illégale » et un traitement « inhumain ». Brett Max Kaufman, avocat principal de l’ACLU, qualifie cette affaire de « suites troublantes d’un procès antiterroriste infructueux », où les autorités semblent déterminées à punir leur client par tous les moyens possibles.
Les conditions de détention mises en cause
Le centre de détention de Farmville, où Trabelsi est actuellement incarcéré, fait l’objet de critiques sévères. D’après la plainte déposée, l’ancien footballeur passe 23 heures par jour dans une cellule sans fenêtre, ce qui aurait des conséquences dévastatrices sur sa santé physique et mentale. La dépression, le syndrome de stress post-traumatique et le diabète sont cités parmi les problèmes de santé aggravés par ces conditions de détention extrêmes.
Cette situation soulève des questions cruciales sur le respect des droits fondamentaux des détenus, même lorsqu’ils ont été acquittés des charges initiales. L’ACLU insiste sur la nécessité de tenir les services de l’Immigration and Customs Enforcement (ICE) responsables de ces violations présumées de la loi et de leurs propres politiques. Sophia Gregg, avocate principale des droits des immigrés à l’ACLU de Virginie, souligne que le traitement inhumain de Trabelsi en détention pour immigrés n’est que le dernier exemple d’une longue série de violations des lois et des politiques internes de l’ICE.
Un imbroglio diplomatique et juridique
L’affaire Trabelsi met également en lumière les tensions diplomatiques entre les États-Unis et la Belgique. La Cour européenne des droits de l’homme a jugé l’extradition de Trabelsi vers les États-Unis illégale, et le gouvernement belge a formulé deux demandes officielles pour son retour. Cependant, Washington reste sourd à ces appels, préférant envisager une expulsion vers la Tunisie, pays d’origine de Trabelsi.
Cette décision inquiète les défenseurs de l’ex-footballeur, qui craignent qu’il ne soit soumis à la torture s’il est renvoyé en Tunisie. La professeure Nicole Hallett de l’Université de Chicago souligne l’urgence d’une intervention judiciaire pour mettre fin à ce qu’elle qualifie de « grave injustice » et de « violation flagrante des droits constitutionnels » de Trabelsi.
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