Immigration: ces deux pays européens prennent des décisions drastiques

Visa Schengen

La montée de l’extrême droite en Occident se manifeste avec une acuité croissante, influençant de manière significative les politiques migratoires de nombreux pays européens. Des États-Unis à la France, en passant par l’Italie et la Suède, les partis nationalistes et anti-immigration gagnent du terrain, capitalisant sur les inquiétudes liées à l’identité culturelle et à la sécurité nationale. Cette tendance se traduit par un durcissement des lois sur l’immigration et une rhétorique de plus en plus hostile envers les étrangers. L’Allemagne et le Portugal, longtemps considérés comme des bastions de l’ouverture et de l’accueil, n’échappent pas à cette dynamique et adoptent des mesures restrictives qui reflètent ce changement de paradigme.

L’Allemagne resserre l’étau aux frontières

Face à la pression croissante de l’extrême droite et aux préoccupations sécuritaires, l’Allemagne opte pour une approche musclée en matière de contrôle des frontières. Le gouvernement d’Olaf Scholz a annoncé l’extension des contrôles à l’ensemble de ses frontières terrestres, dans le but affiché de freiner l’immigration irrégulière. Cette décision, qui prendra effet le 16 septembre pour une durée de six mois, s’apparente à un véritable tour de vis sécuritaire. Les frontières avec la France, le Luxembourg, les Pays-Bas, la Belgique et le Danemark seront désormais soumises à des contrôles temporaires, s’ajoutant à ceux déjà en vigueur avec la Pologne, la République tchèque, l’Autriche et la Suisse.

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Berlin justifie cette mesure par la nécessité de protéger la sécurité intérieure contre les menaces du terrorisme islamiste et de la criminalité transfrontalière. L’attentat de Solingen, revendiqué par le groupe État islamique, a sans doute pesé lourd dans la balance. Cet événement tragique a ravivé les débats sur la politique d’asile et d’immigration en Allemagne, dans un contexte où l’AfD, parti d’extrême droite, enregistre des scores historiques lors des récentes élections régionales.

Cette décision rappelle la métaphore de la forteresse Europe, où les murs invisibles se matérialisent sous forme de contrôles renforcés et de procédures administratives complexifiées. L’Allemagne, jadis symbole d’ouverture et d’accueil, semble aujourd’hui ériger des barrières pour filtrer les flux migratoires, illustrant un changement profond dans sa perception de l’immigration.

Le Portugal resserre la vis sur les visas de travail

De l’autre côté de l’Europe, le Portugal opère un virage similaire, bien que moins spectaculaire. Autrefois reconnu pour sa politique d’ouverture envers les travailleurs étrangers, le pays ibérique a réduit de 24% l’octroi de visas de travail au cours des derniers mois. Ce changement de cap marque une rupture avec la stratégie précédente qui visait à stimuler l’économie en attirant une main-d’œuvre qualifiée internationale.

Le gouvernement portugais a mis en place un plan d’action pour la migration, imposant des règles plus strictes aux candidats à l’immigration professionnelle. Le Premier ministre a clairement exprimé la volonté de mettre un terme à certains mécanismes jugés trop permissifs. Cette nouvelle politique se traduit concrètement par l’obligation pour les étrangers hors UE de détenir un contrat de travail avant même de déposer une demande de visa.

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Malgré cette baisse significative sur la période estivale, le bilan global sur les huit premiers mois de 2024 montre paradoxalement une augmentation de 15% des visas de travail délivrés par rapport à la même période en 2023. Cette apparente contradiction souligne la complexité de la situation et la recherche d’un équilibre entre attraction des talents et contrôle des flux migratoires.

Un durcissement révélateur des tensions européennes

Les décisions prises par l’Allemagne et le Portugal s’inscrivent dans une tendance plus large de durcissement des politiques migratoires en Europe. Ces mesures reflètent les inquiétudes grandissantes face aux défis de l’intégration, de la sécurité et de la préservation des identités nationales. Elles témoignent également de la pression exercée par la montée des partis d’extrême droite, qui ont fait de l’immigration leur cheval de bataille.

Ce virage restrictif soulève des questions fondamentales sur l’avenir de l’espace Schengen et sur la capacité de l’Union européenne à maintenir ses valeurs d’ouverture et de libre circulation. Il met en lumière les tensions entre la nécessité de sécuriser les frontières et celle de répondre aux besoins économiques et démographiques de pays confrontés au vieillissement de leur population.

La recherche d’un équilibre entre sécurité et ouverture reste un défi majeur pour les démocraties européennes. Les décisions de l’Allemagne et du Portugal illustrent la difficulté à concilier les impératifs sécuritaires, les réalités économiques et les valeurs humanistes qui ont longtemps caractérisé le projet européen. Alors que le débat sur l’immigration continue de polariser les opinions publiques, ces mesures pourraient bien annoncer une reconfiguration plus profonde des politiques migratoires à l’échelle du continent.

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