La Mauritanie, nation située à la jonction de l’Afrique du Nord et de l’Afrique subsaharienne, est depuis longtemps le théâtre de tensions raciales profondes. Les Mauritaniens noirs, représentant une part importante de la population, font face à une discrimination systémique qui imprègne tous les aspects de la vie quotidienne. Cette marginalisation se manifeste par un accès limité à l’éducation, aux opportunités économiques et à la représentation politique. Les cas d’esclavage moderne, bien qu’officiellement abolis, persistent dans certaines régions reculées du pays. La communauté internationale a maintes fois exprimé son inquiétude face à ces violations flagrantes des droits humains, appelant à des réformes structurelles pour garantir l’égalité et la justice pour tous les citoyens mauritaniens.
Un réquisitoire cinglant à l’Assemblée nationale
Le député Khaly Diallo a récemment marqué les esprits lors d’une session à l’Assemblée nationale, en interpellant directement le ministre de l’Intérieur sur les violences perpétrées contre les jeunes à Kaidi. « Les jeunes dont vous avez fièrement annoncé la mort à Kaidi, qu’en est-il réellement ? » a-t-il lancé, dénonçant l’absence de justice pour ces victimes. Le parlementaire a fustigé la pratique consistant à acheter le silence des familles endeuillées avec des compensations financières, au lieu de poursuivre les responsables. « Nous avons besoin d’un État qui construit de la justice et qui ne corrompt pas des victimes à la place de la justice« , a-t-il martelé.
Diallo a également mis en lumière la spoliation des terres appartenant aux communautés noires, citant les cas de Deablol, Mango et Ma Mai. Il a dénoncé le transfert de ces propriétés à des membres de la communauté du ministre, qualifiant ces pratiques de racistes et injustes. « On ne peut pas construire un pays sur la base du racisme et de l’injustice », a-t-il affirmé, appelant à l’établissement d’un État fondé sur l’égalité, l’équité, la transparence et la bonne gouvernance.
La discrimination institutionnalisée en question
Le parlementaire a étayé son argumentation en présentant des chiffres alarmants sur la sous-représentation des Noirs dans l’administration publique. Il a révélé que sur 15 gouverneurs, seuls trois sont noirs, et parmi les 63 préfets, on ne compte que trois Noirs. Cette disparité flagrante s’étend également aux postes de secrétaires généraux des communes, où seulement 5 sur 238 sont occupés par des Noirs. « On ne peut pas continuer à construire un pays dans la discrimination », a-t-il conclu, soulignant que son plaidoyer ne visait pas à favoriser une communauté sur une autre, mais à promouvoir la justice et la compétence pour tous les Mauritaniens.
La brutalité policière, un fléau persistant
Dans un autre contexte, Khaly Diallo a dressé un tableau sombre des violences policières qui sévissent en Mauritanie. « Notre nation n’est pas un État de droit« , a-t-il affirmé avec véhémence. Il a évoqué des cas révoltants de jeunes tués dans des commissariats, victimes d’une impunité scandaleuse. « L’État fabrique des preuves pour protéger les policiers coupables », a-t-il dénoncé, mettant en exergue un système judiciaire gangrené par la corruption et le népotisme. Ces révélations jettent une lumière crue sur les défis auxquels font face les citoyens mauritaniens dans leur quête de justice et d’équité.
Un cri d’alarme sur une chaîne sénégalaise
Lors d’une intervention poignante sur une chaîne de télévision sénégalaise, le député Khaly Diallo a élargi son réquisitoire contre le régime mauritanien. Il a mis en lumière le sort tragique de jeunes activistes contraints à l’exil, révélant la présence à ses côtés de deux influenceurs qui ont dû fuir la Mauritanie pour se réfugier au Sénégal. « Ces jeunes, après la crise post-électorale, ont été poursuivis par la police. La mère et la femme de l’un d’entre eux ont été convoquées, et leurs téléphones ont été confisqués », a-t-il expliqué, soulignant que leur seul tort était d’avoir exprimé leur désaccord avec les résultats électoraux et la situation du pays.
Le parlementaire a également dénoncé l’arbitraire administratif qui prive de nombreux Mauritaniens de leurs droits fondamentaux. Il a pointé du doigt la décision unilatérale du ministre de l’Intérieur d’arrêter l’enrôlement des personnes de plus de 10 ans, créant ainsi une génération d’apatrides de fait. « Des enfants dont les pères et mères sont mauritaniens et ont des papiers, leurs enfants n’ont pas de papier« , a-t-il déploré, illustrant l’absurdité et l’injustice de cette mesure. Diallo a conclu son intervention en appelant à une prise de conscience collective et à une refonte du système, affirmant que « la Mauritanie aujourd’hui est un pays où il y a beaucoup de discrimination ».
Vers une refonte du contrat social mauritanien
Face à ces dérives autoritaires, Khaly Diallo appelle à une refondation des valeurs nationales. « Un pays se construit sur la justice, la transparence et le respect de la dignité humaine », a-t-il martelé. Le député fustige l’insensibilité des dirigeants actuels, accusés de privilégier les intérêts personnels au détriment du bien-être collectif. Cette critique acerbe du pouvoir en place résonne comme un appel à la conscience nationale et internationale. Elle souligne l’urgence d’une réforme profonde des institutions mauritaniennes pour garantir l’égalité des droits et des chances à tous les citoyens, indépendamment de leur origine ethnique.
Le témoignage de Khaly Diallo met en avant les défis auxquels la Mauritanie est confrontée dans sa quête d’une société plus juste et inclusive. Il souligne la nécessité d’un dialogue national ouvert et honnête pour aborder les questions de discrimination raciale et de violations des droits humains. L’avenir de la Mauritanie dépendra de sa capacité à surmonter ces divisions profondes et à construire un État véritablement démocratique, où chaque citoyen peut s’épanouir dans la dignité et le respect mutuel.
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