L’Afrique demeure un trésor géologique exceptionnel, abritant près de 30% des réserves minérales mondiales. Du platine sud-africain aux diamants congolais, en passant par le cobalt et le cuivre, le continent recèle des richesses considérables. L’or y tient une place particulière : le Mali figure parmi les principaux producteurs africains de ce métal précieux, aux côtés du Ghana et du Soudan. Pourtant, malgré cette abondance, les populations locales peinent souvent à bénéficier de ces ressources, majoritairement exploitées par des multinationales étrangères.
Une reprise stratégique sous contrôle malien
Le gouvernement malien, dirigé par la junte militaire, vient de franchir une étape décisive dans la gestion de ses ressources aurifères. La mine de Yatela, située dans l’ouest du pays, va passer sous le contrôle total de l’État. Cette opération met fin au partenariat avec les géants miniers AngloGold Ashanti (Afrique du Sud) et Iamgold (Canada), qui détenaient chacun 40% des parts, aux côtés des 20% historiques de l’État malien.
Un nouveau départ pour Yatela
La nationalisation intervient dans un contexte particulier. La mine, qui produisait de l’or depuis 2001, avait cessé ses activités en 2016. Cette interruption résultait d’une conjugaison de facteurs : chute des cours de l’or, réduction des marges bénéficiaires et préoccupations liées à la sécurité des mineurs. Cependant, les autorités maliennes voient dans cette reprise une opportunité prometteuse, les réserves n’étant pas épuisées. La gestion sera confiée à la Société de recherche et d’exploitation des ressources minérales du Mali (Sorem), une entreprise publique créée en 2022.
Une affirmation de souveraineté économique
Cette nationalisation représente un tournant significatif dans la politique minière malienne. Les conditions de reprise témoignent d’une négociation aboutie : la cession se fait au franc symbolique, accompagnée d’une enveloppe de 36 millions de dollars destinée à la fermeture et à la réhabilitation du site. Le règlement d’un contentieux fiscal apporte 2,5 milliards de francs CFA supplémentaires aux caisses de l’État. Cette opération n’est pas isolée : la société australienne Firefinch a également cédé ses actifs miniers au Mali pour un montant symbolique. Ces mouvements révèlent une volonté claire des autorités maliennes de redéfinir les équilibres dans le secteur minier, promettant une redistribution des richesses au profit de la population locale.
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