La chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011 a transformé la Libye en véritable porte d’entrée vers l’Europe pour des milliers de migrants. Avant la révolution, le dirigeant libyen contrôlait fermement les flux migratoires grâce à des accords avec les pays européens, notamment l’Italie. Son renversement a créé un vide sécuritaire, permettant l’émergence de réseaux de passeurs organisés. Ces derniers exploitent la situation chaotique du pays, où deux gouvernements se disputent le pouvoir : celui d’Abdel Hamid Dbeibah à Tripoli, reconnu par l’ONU, et une autorité rivale à l’Est soutenue par le maréchal Khalifa Haftar. Cette instabilité a transformé les 1 770 kilomètres de côtes libyennes en point de départ privilégié pour les traversées périlleuses vers l’Italie, distante de seulement 300 kilomètres.
Une coopération économique renforcée
La visite de Giorgia Meloni à Tripoli, sa quatrième depuis son arrivée au pouvoir, marque une étape majeure dans les relations italo-libyennes. Les échanges commerciaux entre les deux pays ont atteint 10 milliards d’euros en 2022, confirmant la position de Rome comme premier partenaire commercial de Tripoli. Les nouveaux accords prévoient un soutien aux petites et moyennes entreprises ainsi qu’une collaboration bancaire pour stimuler les investissements. Le retour de la compagnie aérienne ITA Airways et la levée des restrictions pour les entrepreneurs italiens illustrent cette dynamique de rapprochement économique.
Des projets d’infrastructure ambitieux
Le gouvernement libyen relance le projet d’autoroute côtière reliant la Tunisie à l’Égypte sur 1 800 kilomètres. Cette infrastructure constitue un élément central du plan Mattei italien pour l’Afrique, une initiative qui vise à développer les ressources naturelles du continent. Les secteurs de la santé, du commerce et des transports bénéficieront également d’investissements conjoints, témoignant d’une volonté de diversification de la coopération entre Rome et Tripoli.
Une stratégie migratoire à long terme
Ces accords économiques révèlent la stratégie italienne face aux défis migratoires. En renforçant l’économie libyenne et ses infrastructures, Rome espère créer des conditions propices à un meilleur contrôle des flux migratoires. Chaque année, des milliers de personnes, principalement originaires d’Afrique subsaharienne, transitent par la Libye pour tenter la traversée de la Méditerranée. Le développement économique du pays pourrait contribuer à restaurer une forme de stabilité institutionnelle, nécessaire à la lutte contre les réseaux de passeurs qui prospèrent dans le chaos actuel.
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