L’Afrique de l’Ouest, région clé du continent africain, se trouve à un carrefour stratégique dans sa quête pour assurer sa souveraineté alimentaire. Alors que de nombreux pays africains cherchent à réduire leur dépendance vis-à-vis des importations alimentaires, le Conseil d’administration du Fonds africain de développement (FAD) vient de franchir une étape significative en approuvant un financement de 99,16 millions de dollars pour le développement des chaînes de valeur rizicoles dans la région.
Ce financement s’inscrit dans le cadre du projet de Développement des Chaînes de Valeur Rizicoles Résilientes en Afrique de l’Ouest, un projet ambitieux dont l’objectif est de renforcer la sécurité alimentaire et de favoriser l’autosuffisance en riz dans les années à venir. Ce projet concerne tout particulièrement la Gambie et la Guinée-Bissau, deux pays aux défis agricoles particuliers, mais également la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et AfricaRice, l’un des principaux centres de recherche en riziculture en Afrique.
Il s’agit d’une initiative multilatérale où les pays concernés, aux côtés d’autres partenaires comme la CEDEAO et AfricaRice, vont travailler ensemble pour améliorer les conditions de production et de commercialisation du riz en Afrique de l’Ouest. L’objectif est clair : atteindre une meilleure autosuffisance en riz d’ici 2030, réduire la dépendance aux importations et dynamiser les économies locales tout en soutenant les jeunes et les femmes qui jouent un rôle crucial dans la production rizicole.
L’un des points essentiels de ce projet est la construction d’infrastructures modernes, telles que des systèmes d’irrigation, qui permettront aux agriculteurs d’augmenter leur production, même pendant les saisons sèches. Une attention particulière sera portée à la durabilité des services d’irrigation afin de garantir leur efficacité sur le long terme, et d’aider les agriculteurs à se préparer aux impacts des changements climatiques. La mise en place de ces infrastructures contribuera également à réduire les risques liés à l’insécurité alimentaire, souvent exacerbés par le manque d’eau pour l’irrigation des cultures.
Le projet prévoit également de renforcer les capacités locales en matière de transformation du riz. Cela inclut la mise en place d’unités de transformation modernes et la promotion de la mécanisation. L’objectif est de permettre aux agriculteurs de mieux valoriser leur production, d’augmenter leur rentabilité et de mieux faire face à la concurrence sur les marchés locaux et internationaux. Ce processus de transformation sera accompagné d’une meilleure diffusion des intrants et des semences améliorées, spécialement conçues pour être plus résistantes aux conditions climatiques de la région, augmentant ainsi la productivité.
L’un des aspects les plus importants de cette initiative est l’inclusion de la jeunesse et des femmes. Ces groupes, souvent marginalisés dans les systèmes agricoles traditionnels, seront au centre des efforts de renforcement des capacités et d’accès au financement. Les jeunes, souvent à la recherche de nouvelles opportunités, seront formés aux techniques agricoles modernes et à la gestion des coopératives agricoles, tandis que les femmes bénéficieront de formations et de soutiens spécifiques pour accéder à des financements, des semences de qualité et à des ressources techniques. Cela permettra non seulement de réduire les inégalités de genre dans le secteur agricole, mais aussi de dynamiser l’économie rurale en créant des emplois durables.
Le financement est réparti en plusieurs tranches, dont 91,2 % provient du Groupe de la Banque africaine de développement, ce qui témoigne de l’importance que cette institution accorde au projet. Les gouvernements de la Gambie et de la Guinée-Bissau contribueront également au financement à hauteur de 5,2 %, et la CEDEAO ainsi qu’AfricaRice apporteront leur expertise pour garantir la bonne mise en œuvre du projet. Le soutien financier et technique de ces divers acteurs permettra à l’initiative d’atteindre un large éventail d’objectifs dans un délai relativement court.
Il est également prévu que ce projet stimule le commerce intrarégional du riz, créant ainsi des opportunités pour les producteurs locaux de vendre leurs produits au sein de la région et au-delà, tout en réduisant les coûts d’importation de riz. Ce commerce renforcé profitera également aux économies des pays partenaires, en créant des chaînes d’approvisionnement locales plus résilientes et plus compétitives.
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