Armées: la Chine détourne une IA américaine à des fins militaires

Armée chinoise ( (Mark Schiefelbein/AP/SIPA))

L’intelligence artificielle bouleverse profondément le secteur de la défense mondiale. Des experts de la sécurité internationale alertent régulièrement sur les dangers potentiels de cette technologie, particulièrement quand elle tombe entre les mains d’acteurs militaires. Le développement accéléré des systèmes d’IA soulève des inquiétudes majeures : automatisation des systèmes d’armement, amélioration des capacités de surveillance et de renseignement, ou encore manipulation de l’information. Ces préoccupations prennent aujourd’hui une nouvelle dimension avec la révélation d’une utilisation non autorisée d’une technologie américaine par l’armée chinoise.

Meta pris au piège de l’innovation ouverte

L’Académie des Sciences Militaires chinoise (AMS), principal organe de recherche de l’Armée Populaire de Libération (APL), a utilisé le modèle d’intelligence artificielle Llama de Meta pour développer un outil baptisé « ChatBIT« . Cette appropriation, révélée dans trois articles universitaires, démontre comment la Chine exploite les technologies occidentales en libre accès pour renforcer ses capacités militaires. Meta avait pourtant explicitement interdit l’utilisation de son modèle pour des applications militaires ou d’espionnage. Mais la nature publique de Llama rend ces restrictions difficilement applicables.

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La course technologique militaire s’intensifie

Les chercheurs chinois ont optimisé ChatBIT pour l’analyse du renseignement et l’aide à la décision opérationnelle. Selon leurs publications, cet outil pourrait également servir à la planification stratégique et aux simulations d’entraînement. Le Pentagone surveille attentivement ces développements, alors que la Chine investit massivement pour rattraper son retard technologique avec les États-Unis. L’Aviation Industry Corporation of China explore déjà l’utilisation de Llama 2 pour des stratégies de guerre électronique aéroportée.

Les failles de l’innovation collaborative

Cette situation met en lumière le dilemme auquel font face les entreprises technologiques américaines. D’un côté, le partage ouvert des modèles d’IA stimule l’innovation et la recherche mondiale. De l’autre, il expose ces technologies à des détournements potentiellement dangereux. Le président Biden a d’ailleurs signé en octobre 2023 un décret pour encadrer le développement de l’IA, reconnaissant les risques liés à la suppression des garde-fous intégrés aux modèles. Washington finalise également des règles pour limiter les investissements américains dans l’IA chinoise. Mais avec 370 institutions chinoises publiant déjà des recherches sur l’intelligence artificielle générale, et une collaboration scientifique intense entre les deux pays, il semble difficile d’empêcher la Chine d’accéder aux avancées technologiques occidentales.

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