Europe: comment des africains plient bagages pour retourner en Afrique

L’immigration continue d’alimenter les débats politiques et sociaux en Occident, notamment en Europe où les gouvernements durcissent leurs politiques migratoires face aux arrivées croissantes de demandeurs d’asile. Pourtant, un mouvement inverse prend de l’ampleur : celui d’Européens d’origine africaine qui quittent le Vieux Continent pour s’installer sur les terres de leurs ancêtres. La BBC a mené une enquête approfondie sur ce phénomène qualifié d’ »exode silencieux« , particulièrement marqué en France où de nombreux citoyens d’origine africaine font leurs valises pour le Sénégal.

Le poids du racisme et des discriminations

Les motivations de ces départs trouvent leurs racines dans un quotidien marqué par les discriminations raciales. Une récente étude relevée par la BBC révèle que 91% des personnes noires interrogées en France ont subi des actes discriminatoires. Cette réalité se traduit par des statistiques officielles alarmantes : en 2023, le ministère de l’Intérieur a enregistré plus de 15 000 crimes à caractère raciste, soit une hausse d’un tiers en un an. Ces chiffres reflètent une tension croissante, exacerbée par les événements récents comme les émeutes qui ont secoué le pays suite au décès de Nahel Merzouk, un adolescent d’origine algérienne tué par un policier. Le climat politique actuel renforce ce malaise, avec un gouvernement qui priorise la lutte contre l’immigration et des partis de droite gagnant en influence.

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L’attrait d’un nouveau départ professionnel

Cette vague de départs ne représente pas une simple fuite. Pour beaucoup, le retour en Afrique incarne une opportunité professionnelle majeure. Les entrepreneurs français d’origine africaine voient le continent comme une terre d’innovation comparable à l’Amérique de la ruée vers l’or. Ils y créent des entreprises variées, des agences de voyage aux applications numériques, contribuant au développement économique local. Ce mouvement concerne principalement des professionnels hautement qualifiés, créant paradoxalement une « fuite des cerveaux » inverse qui profite aux pays africains.

Les défis de la réinstallation

L’intégration dans le pays d’origine des parents n’est pas sans obstacles. Les « returnees » doivent composer avec leur statut particulier, souvent perçus comme des étrangers malgré leurs racines. Au Sénégal, ils sont fréquemment désignés comme « les Français« , une appellation qui souligne la complexité de leur position identitaire. Les femmes entrepreneures font face à des défis supplémentaires, devant surmonter des barrières culturelles et professionnelles dans des sociétés encore largement patriarcales. Pourtant, ces difficultés n’entravent pas leur détermination à construire une nouvelle vie sur le continent africain, où ils espèrent trouver un équilibre entre opportunités professionnelles et épanouissement personnel.

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