Terre d’accueil traditionnelle, le Canada a forgé son identité sur l’immigration depuis sa fondation. Des premiers colons européens aux vagues migratoires du XXe siècle, le pays a constamment ouvert ses portes aux nouveaux arrivants, construisant une société multiculturelle devenue sa fierté. Cette politique d’ouverture, renforcée sous Pierre Elliott Trudeau dans les années 1970, a transformé les métropoles canadiennes en véritables mosaïques culturelles. Le pays a développé un système d’immigration basé sur les compétences professionnelles, tout en maintenant des programmes humanitaires généreux, attirant des millions de personnes en quête d’opportunités économiques ou fuyant les persécutions.
Le virage restrictif d’Ottawa
Le ministre de l’Immigration Marc Miller vient de mettre un terme aux espoirs de régularisation massive des sans-papiers canadiens. Cette annonce, faite le 13 novembre à Vancouver, marque une rupture avec les promesses antérieures du Premier ministre Justin Trudeau. Le ministre a toutefois laissé entrevoir la possibilité de régularisations ciblées pour répondre aux besoins spécifiques du marché du travail. Cette décision affecte directement une population estimée entre 100 000 et un million de personnes vivant actuellement sans statut légal au Canada.
Un climat politique tendu
Cette volte-face gouvernementale reflète une transformation profonde de l’opinion publique canadienne sur l’immigration. Le gouvernement libéral minoritaire de Justin Trudeau, confronté à une opposition conservatrice créditée de 20 points d’avance dans les sondages, multiplie les mesures restrictives. Les réformes récentes visent à réduire l’afflux de demandeurs d’asile, d’étudiants étrangers et de travailleurs temporaires. Marc Miller l’affirme sans détour : l’époque de la main-d’œuvre étrangère bon marché et illimitée est révolue.
La pérennité du modèle canadien en question
À l’approche des élections, qui devront se tenir avant le 20 octobre 2025, cette nouvelle orientation soulève des questions fondamentales sur l’avenir du modèle migratoire canadien. Le pays, qui a bâti sa prospérité sur l’apport constant de nouveaux arrivants, semble aujourd’hui tiraillé entre ses besoins économiques, ses traditions d’accueil et une opinion publique de plus en plus réticente. Cette situation met en lumière les défis auxquels font face les démocraties occidentales dans leur gestion des flux migratoires, entre impératifs économiques, considérations humanitaires et pressions politiques internes.
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