Maghreb: la France inquiète les milieux économiques

Photo : Ludovic Marin/AFP

Les choix politiques de la France au Maghreb suscitent de vives inquiétudes dans les milieux économiques. Le soutien affiché de Paris à la « marocanité » du Sahara occidental a non seulement refroidi ses relations diplomatiques avec Alger, mais pourrait aussi compromettre les relations commerciales et les investissements français en Algérie. Alors que la France cherche à consolider son partenariat avec le Maroc, de nombreux acteurs économiques redoutent les retombées potentielles de ce positionnement sur les échanges franco-algériens, qui se chiffrent en milliards d’euros.

Un tournant politique qui déstabilise les relations d’affaires

La décision de la France de s’aligner sur la position marocaine dans le dossier du Sahara occidental, notamment après le retrait de l’ambassadeur d’Algérie en France, a modifié les équilibres au sein du Maghreb. La récente visite d’Emmanuel Macron à Rabat, marquée par la signature de contrats valorisés à plusieurs milliards de dollars, illustre la volonté de Paris de renforcer ses liens avec le Maroc. Cependant, ce choix risque de se traduire par une perte d’opportunités en Algérie, où le tissu entrepreneurial français, représenté par environ 6 000 entreprises, dépend fortement des échanges bilatéraux. L’ombre d’un gel des relations économiques avec l’Algérie inquiète les milieux d’affaires, qui voient leurs intérêts compromis par la gestion politique actuelle.

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L’ancien haut fonctionnaire français, Patrick Stefanini, n’a pas manqué de rappeler ce dilemme, mettant en garde contre les pertes éventuelles si la France persistait dans cette direction. Bien que les autorités algériennes aient démenti les rumeurs d’une suspension des échanges commerciaux, l’incertitude générée par ces spéculations a déjà ébranlé la confiance des investisseurs. « Cette situation a provoqué un vent de panique parmi les entreprises », a déclaré Michel Bisac, président de la Chambre de commerce et d’industrie algéro-française (CCIAF). Ce dernier déplore que la relation économique soit mise en péril par des « déclarations intempestives » et des décisions politiques perçues comme imprudentes.

L’impact de l’approche française sur les entreprises locales et étrangères

Le choix de la France de renforcer ses relations avec le Maroc, en dépit des retombées potentielles pour les entreprises françaises en Algérie, apparaît comme un pari risqué. Les échanges commerciaux entre la France et l’Algérie, qui ont atteint près de 12 milliards d’euros en 2023, dont cinq milliards d’exportations françaises, constituent un pilier économique stratégique. L’absence de précautions dans la gestion de ce dossier risque d’affaiblir un partenariat lucratif, au moment où l’Algérie cherche à diversifier ses alliances et valorise ses relations économiques avec d’autres acteurs internationaux.

Les acteurs économiques, tant français qu’algériens, se montrent préoccupés par cette orientation politique, qui s’éloigne de l’approche constructive souhaitée par le secteur privé. La perspective d’une rupture de la coopération commerciale, à l’image de ce qui s’est produit entre l’Algérie et l’Espagne en 2022 suite à l’alignement de cette dernière sur le Maroc, est une possibilité qui, bien que démentie, continue de peser sur les décisions d’investissement. Bisac souligne également que l’Algérie reste un marché attractif, mais que « la France ne se comporte pas comme elle devrait », un constat qui traduit la frustration du secteur face à une diplomatie perçue comme déconnectée des réalités économiques.

Vers un réajustement nécessaire des priorités diplomatiques et économiques

Les milieux économiques soulignent la nécessité pour la France de trouver un équilibre dans sa politique au Maghreb, afin de préserver ses intérêts économiques avec des partenaires clés, comme l’Algérie, tout en renforçant ses liens stratégiques avec le Maroc. En France, le débat sur la question algérienne est de plus en plus présent dans l’espace public, alimenté par les discussions sur des thèmes sensibles comme l’immigration, la mémoire de la guerre d’Algérie, ou encore l’accord de 1968 sur les reconduites aux frontières.

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Les récentes initiatives symboliques de la France, telle que la reconnaissance de l’assassinat de Larbi Ben M’hidi, héros de la guerre d’indépendance algérienne, n’ont toutefois pas eu l’effet escompté, certains à Alger les percevant comme des gestes trop tardifs ou insuffisants.

Pour les observateurs, la stratégie française doit prendre en compte les complexités de ses relations au Maghreb, où chaque choix diplomatique a des répercussions économiques concrètes. Alors que les milieux d’affaires pressent Paris de redéfinir sa stratégie, la question se pose de savoir si la France saura maintenir une diplomatie équilibrée, conciliant ses alliances sans compromettre ses intérêts économiques.

Une réponse

  1. Avatar de Sid
    Sid

    Micron n’est pas « la France » !
    Micron est un travailleur détaché de chez Rothschild !

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