La scène est devenue tristement familière : une équipe africaine arrive en Libye pour un match officiel et se retrouve victime d’intimidations, de violences, voire pire. Le récent cas des Béninois, frappés par ceux-là mêmes qui étaient censés assurer leur protection, n’est que le dernier épisode d’une série d’incidents qui entache le football africain. La question qui se pose désormais est simple : jusqu’où ira la complaisance de la Confédération Africaine de Football (CAF) ?
Les faits sont accablants. En moins d’un an, quatre équipes nationales – le Bénin, le Nigeria, le Cameroun et le Rwanda – ont subi des traitements indignes sur le sol libyen. Des hymnes nationaux sifflés, des délégations séquestrées, des staffs techniques agressés physiquement, des joueurs menacés… Le football n’est plus un sport en Libye, il est devenu un théâtre d’hostilité systématique envers les équipes visiteuses, particulièrement celles d’Afrique subsaharienne.
La CAF ne peut plus se cacher derrière une prétendue ignorance. Chaque incident a été documenté, rapporté, dénoncé. Des fédérations, comme celle du Rwanda, ont officiellement protesté. Le Nigeria a même obtenu une victoire sur tapis vert après avoir été forcé de quitter le pays sans jouer, ses joueurs ayant été abandonnés sans eau ni nourriture dans un aéroport pendant douze heures.
Pourtant, la réponse de l’instance dirigeante du football africain reste d’une timidité confondante. Comment justifier qu’un pays qui ne peut manifestement pas garantir la sécurité basique des équipes visiteuses continue d’avoir le droit d’organiser des rencontres internationales ? La CAF dispose pourtant d’un arsenal de sanctions : matches à huis clos, délocalisation des rencontres en terrain neutre, voire suspension pure et simple.
Le précédent créé avec le Nigeria aurait dû servir d’électrochoc. Au lieu de cela, il a fallu attendre que les Béninois subissent des violences policières pour que la question revienne sur le devant de la scène. Cette inertie est d’autant plus incompréhensible que la CAF n’hésite pas à sanctionner lourdement d’autres comportements moins graves dans d’autres pays.
Il est temps que la CAF assume ses responsabilités. La sécurité des joueurs n’est pas négociable. Aucune considération politique ou diplomatique ne peut justifier que l’on continue à exposer des équipes à de tels risques. La suspension immédiate de la Libye comme pays hôte de matches internationaux devrait être une évidence.
Le message envoyé par cette inaction est désastreux : il suggère qu’il existe une hiérarchie dans la dignité des équipes africaines, que certaines violences sont plus tolérables que d’autres. C’est exactement le contraire des valeurs d’unité et de fraternité que le football africain prétend incarner.
La balle est maintenant dans le camp de la CAF. Son silence ne fait qu’encourager la répétition de ces incidents inacceptables. Il est grand temps qu’elle prenne des mesures fortes pour garantir que chaque équipe, quelle que soit son origine, puisse jouer au football dans des conditions de sécurité et de dignité acceptables. L’avenir du football africain en dépend.
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