Après cinq années d’interruption en raison d’une insécurité galopante, le Nigeria a autorisé la reprise des activités minières dans l’État de Zamfara, riche en or, lithium et cuivre. Cette décision, annoncée par le ministre des Mines, Dele Alake, dans un communiqué en date du dimanche 22 décembre 2024, fait suite à une amélioration significative de la situation sécuritaire dans la région. Les attaques de groupes armés avaient contraint les autorités à suspendre toute exploitation minière en 2019, favorisant ainsi la prolifération de l’exploitation illégale. Désormais, grâce aux efforts des forces de sécurité, le gouvernement nigérian estime que les conditions sont réunies pour relancer ce secteur stratégique. « Les progrès considérables des agents de sécurité ont conduit à une réduction notable du niveau d’insécurité, et avec la levée de l’interdiction d’exploration, le secteur minier de Zamfara peut progressivement commencer à contribuer aux revenus du pays« , a affirmé Dele Alake.
L’objectif de cette reprise des activités est clair : c’est de diversifier l’économie du pays, trop dépendante du pétrole, et de générer de nouvelles recettes. Pour attirer les investisseurs et garantir une exploitation responsable des ressources naturelles, le Nigeria a mis en œuvre plusieurs réformes. Il s’agit notamment de renforcer la lutte contre l’exploitation illégale, de réformer le Code minier et de favoriser les partenariats public-privé. « Ce n’est pas le premier accord de ce genre, des partenariats similaires ont été établis avec l’Allemagne et l’Australie », a martelé le ministre nigérian des mines. Le pays mise également sur le transfert de compétences et le développement de capacités locales pour tirer le meilleur parti de ses richesses minières.
Un potentiel minier sous-exploité et des réformes prometteuses
Le Nigéria, riche de 44 types de minéraux solides, possède un potentiel minier considérable encore largement sous-exploité. Malgré une production passant de 54,5 Mt en 2019 à 89,48 Mt en 2021, le secteur reste dominé par des activités artisanales souvent illégales. Autrefois contributeur clé au PIB dans les années 1960-70, il ne représente que 0,85 % en 2022, contre 7,6 % au Ghana et 22,6 % en RDC. Paradoxalement, bien que détenant le deuxième plus grand gisement de minerai de fer d’Afrique (3 Md t), le Nigéria importe chaque année 4 Md USD d’acier. La filière calcaire, soutenue par des entreprises comme Dangote Cement et Lafarge, se distingue par une chaîne de valeur solide. La hausse progressive de la contribution du secteur au PIB (de 0,2 % en 2018 à 0,85 % en 2022) témoigne néanmoins d’un regain d’intérêt, soutenu par le National Development Plan 2021-2025 visant 3 % du PIB d’ici à 2025.
Pour moderniser ce secteur, le gouvernement a introduit des réformes majeures. Depuis 2016, la Mining Roadmap identifie sept filières prioritaires, dont l’or, le bitume et le fer. Le Nigerian Minerals & Mining Bill 2023, bien qu’encore non adopté, prévoit des incitations fiscales et une meilleure régulation. Parallèlement, des initiatives de digitalisation, comme la délivrance en ligne de permis, ont été mises en œuvre. Des progrès notables concernent l’or avec l’exploitation à grande échelle par Thor Exploration et le lancement d’une usine dans l’État d’Osun, produisant 98 000 onces d’or en 2022. En revanche, les importantes réserves de bitume (42,5 Mdt) restent inexploitées malgré une politique adoptée en 2020. Enfin, des recommandations soulignent la nécessité d’investir dans des technologies d’exploration avancées et de renforcer les contrôles pour encourager un développement durable.
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