Fin du Franc CFA : Kako Nubukpo parle des défis

Capture écran France 24

Depuis plusieurs années, le débat sur l’avenir du franc CFA anime les discussions en Afrique de l’Ouest. Cette monnaie, héritée de l’époque coloniale et utilisée par huit pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), fait l’objet de nombreuses critiques. Les mouvements citoyens et certains dirigeants politiques dénoncent son arrimage à l’euro et son lien avec la France comme des symboles de dépendance économique. En réponse à ces préoccupations, plusieurs initiatives ont émergé pour transformer ou remplacer le franc CFA, notamment le projet d’une monnaie commune pour la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).

Les obstacles politiques à la réforme monétaire

La création d’une nouvelle monnaie ouest-africaine se heurte à des divergences profondes entre États. Kako Nubukpo, économiste et directeur de l’Observatoire de l’Afrique subsaharienne à la Fondation Jean Jaurès, souligne la complexité de la situation. Le Nigeria, première puissance économique de la région, refuse d’abandonner sa monnaie nationale, le naira, qui lui permet de gérer ses enjeux politiques internes. Cette réticence nigériane freine considérablement l’avancement du projet monétaire régional. Les tensions entre pays francophones et anglophones compliquent également les négociations, avec des accusations mutuelles de vouloir soit maintenir l’influence française, soit perturber la stabilité monétaire existante.

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La question épineuse de la garantie française

Le débat autour de la garantie française du franc CFA révèle les complexités des relations monétaires régionales. Traditionnellement, cette garantie reposait sur le dépôt de 50% des réserves de change auprès du Trésor français. Malgré le transfert récent de ces réserves à la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), la France maintient sa garantie, soulevant des interrogations sur les motivations réelles de ce maintien. La Côte d’Ivoire, représentant près de la moitié des réserves de change de l’UEMOA, pourrait devenir le nouveau garant de facto si la garantie française était levée. Cette perspective inquiète certains États membres qui préfèrent paradoxalement dépendre de Paris plutôt que d’Abidjan.

Le défi de la gouvernance monétaire régionale

La structure de la future banque centrale constitue un autre point de friction majeur. Les statuts prévus pour la banque centrale de la CEDEAO diffèrent radicalement de ceux de l’actuelle BCEAO. Alors que la BCEAO fonctionne comme une société anonyme où chaque État détient une part égale, le projet de banque centrale de la CEDEAO propose une structure fédérale où la représentation serait proportionnelle au PIB et à la démographie des pays membres. Cette différence fondamentale de conception reflète des visions opposées de l’intégration monétaire régionale. Les dirigeants ouest-africains, absorbés par leurs urgences politiques nationales et les cycles électoraux incessants, peinent à consacrer le temps nécessaire à la résolution de ces questions structurelles. Pour Nubukpo, l’horizon d’une monnaie unique pour toute l’Afrique semble donc encore très lointain, tant que persistera la méfiance actuelle entre les chefs d’État et leur réticence à déléguer leur souveraineté monétaire à une instance supranationale.

2 réponses

  1. Avatar de Adjatchè
    Adjatchè

    The Atlantean,
    Tu as bien raison. Bien sûr que d’autres coups d’état auront lieu dans les pays de l’AES. Quant à notre fameux économiste Nubukpo, la fin du Franc CFA est depuis longtemps son fond de commerce. Rien donc de nouveau sous le soleil.

  2. Avatar de The Atlantean
    The Atlantean

    La sortie de de CDEAO par les trois gringos noirs ne devraient pas mettre fin à cette organisation, plutôt la renforcer et ce qui permettra aux acteurs de trouver un pays garant (Allemagne) préférée à la France.. D’autres coups d’état surviendront au Mali, Niger et Burkina-Faso, et ce n’est du tout le temps de désintégrer la CEDEAO.

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