Maghreb : mesure radicale pour faire face au manque de liquidités

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Les pays du Maghreb traversent actuellement une période économique délicate, marquée par des défis structurels majeurs. L’inflation persistante, la dépréciation des monnaies locales et les déséquilibres budgétaires chroniques pèsent lourdement sur les économies nord-africaines. Cette fragilité économique se manifeste notamment par des pénuries récurrentes de liquidités dans plusieurs pays, contraignant les populations à des adaptations quotidiennes et alimentant les tensions sociales.

Une injection massive de liquidités en Libye

La Banque centrale de Libye vient de prendre une décision spectaculaire en confiant à l’entreprise britannique « De La Rue » l’impression de 30 milliards de dinars, soit l’équivalent de 6,25 milliards de dollars. Cette initiative, prévue pour janvier 2025, vise à mettre fin aux files d’attente interminables devant les banques libyennes, où les citoyens peinent à retirer leur argent ou percevoir leurs salaires. La pénurie de billets, qui paralyse le système bancaire libyen depuis plusieurs années, a considérablement miné la confiance des citoyens envers leurs institutions financières.

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Les défis d’une économie en transition

La situation économique libyenne évoque celle d’un géant aux pieds d’argile : malgré ses abondantes ressources pétrolières, le pays peine à stabiliser son système financier. Tel un navire ballotté entre deux caps, la Libye souffre de la division politique entre Tripoli et l’Est du pays, empêchant toute coordination efficace des politiques économiques. La contrefaçon massive de certaines coupures, notamment les billets de 50 dinars, a complexifié davantage la gestion de la masse monétaire, forçant les autorités à retirer ces billets de la circulation.

Entre modernisation et solutions d’urgence

Face à ces turbulences monétaires, la Libye tente d’emprunter simultanément deux chemins : celui de l’urgence, avec l’impression massive de nouveaux billets, et celui de la modernisation, en encourageant l’adoption des paiements électroniques. Cette double approche ressemble à la construction d’un pont pendant qu’on répare le gué : les autorités doivent gérer l’immédiat tout en préparant l’avenir. Le développement des infrastructures de paiement électronique et la distribution de cartes bancaires constituent les premiers jalons de cette transformation numérique, bien que le chemin vers une économie moins dépendante du cash reste long.

L’ampleur de l’injection monétaire prévue témoigne de la gravité de la situation, mais soulève également des questions sur sa pérennité. La réussite de cette mesure dépendra largement de la capacité du pays à mener des réformes fondamentales : renforcement des institutions financières, diversification économique au-delà du secteur pétrolier, et restauration d’une gouvernance unifiée. Sans ces changements profonds, l’impression de nouveaux billets risque de n’être qu’un pansement sur une plaie qui nécessite des soins plus intensifs. La stabilité financière de la Libye reste ainsi étroitement liée à sa capacité à surmonter ses divisions politiques et à moderniser son économie.

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