La présence économique turque en Afrique s’est considérablement renforcée depuis une décennie, notamment dans les secteurs stratégiques comme l’énergie et les infrastructures. Des pays comme le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Ghana et le Nigeria ont noué des partenariats majeurs avec des entreprises turques, attirés par des solutions clés en main et des financements attractifs. Cette stratégie d’expansion économique traduit l’ambition d’Ankara de devenir un acteur incontournable sur le continent africain, rivalisant avec les partenaires traditionnels comme la France et la Chine.
Un projet ambitieux à l’arrêt
Le dernier exemple de cette dynamique turque se joue actuellement au Gabon, où le projet énergétique porté par la société Karpowership vient de connaître un coup d’arrêt brutal. Deux navires-centrales, censés fournir de l’électricité à Libreville, demeurent à quai dans le quartier d’Alénakiri, leurs turbines silencieuses malgré une équipe de 90 personnes déjà opérationnelle. Cette suspension intervient alors même que le pays fait face à des délestages récurrents qui pénalisent tant les particuliers que les entreprises.
Les dessous d’un contrat controversé
Les autorités gabonaises ont mis un terme temporaire à ce partenariat prévu pour cinq ans, évoquant des « insuffisances » dans le contrat. Au cœur du problème : le coût de l’électricité fournie par Karpowership, jugé prohibitif pour la Société d’énergie et d’eau du Gabon (Seeg), déjà fragilisée par un endettement conséquent. Cette situation met en lumière les défis financiers auxquels font face les sociétés nationales d’électricité africaines, prises entre la nécessité d’augmenter leur capacité de production et les contraintes budgétaires.
Un bras de fer diplomatique en perspective
L’implication directe du conseiller spécial du président gabonais dans ce dossier témoigne de son caractère hautement stratégique. Si Karpowership affirme avoir respecté l’ensemble de ses engagements contractuels, la création d’une commission spéciale par le gouvernement gabonais laisse présager des négociations tendues. Cette situation pourrait avoir des répercussions sur les autres projets turcs en Afrique centrale, alors que plusieurs pays de la région cherchent également des solutions à leurs défis énergétiques. L’issue de ce différend testera la solidité des relations économiques turco-africaines, construites sur la promesse de partenariats mutuellement bénéfiques.
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