La Syrie a basculé cette semaine avec la fuite précipitée de Bachar al-Assad vers Moscou, après une offensive fulgurante des forces rebelles sur Alep puis sur l’ensemble du territoire. Cette déroute du régime syrien, soutenu depuis des années par la Russie, marque un tournant majeur dans la géopolitique régionale. Vladimir Poutine perd non seulement un allié stratégique mais aussi des installations militaires cruciales : la base navale de Tartous et l’aérodrome de Hmeimim, véritables avant-postes russes en Méditerranée.
La Turquie pointée du doigt par Moscou
Au lendemain de ce bouleversement, les regards se tournent vers Ankara. Le soutien turc aux mouvements rebelles syriens soulève de vives tensions avec Moscou. Les services de renseignement russes soupçonnent le président Erdogan d’avoir orchestré la chute du régime syrien en donnant son aval à l’offensive. Une accusation renforcée par les déclarations du dirigeant turc pendant les combats, où il pressait Assad de trouver une « solution politique » – une posture interprétée comme un ultimatum à peine voilé.
Les menaces d’Alexandre Douguine, l’idéologue du Kremlin
Alexandre Douguine, figure influente proche de Vladimir Poutine, a lancé ce mardi une série d’avertissements à l’encontre d’Ankara sur le réseau social X. L’idéologue russe rappelle les moments de coopération passés entre les deux pays, notamment lors de la tentative de coup d’État en Turquie en 2016, où Moscou avait apporté son soutien à Erdogan. Pour Douguine, le choix d’Ankara de faciliter la chute d’Assad représente une « erreur stratégique » qui pourrait coûter cher à la Turquie. Le message est clair : en cas de difficultés futures, la Russie pourrait bien tourner le dos à son ancien partenaire.
Un bras de fer aux multiples répercussions
Les menaces de Douguine révèlent la profonde amertume du Kremlin face à ce qu’il considère comme une trahison turque. Promoteur de l’idéologie « eurasiste » qui prône une alliance entre l’Europe et l’Asie sous égide russe, Douguine est connu pour ses positions radicales. Sous sanctions européennes depuis l’annexion de la Crimée en 2014, il influence une partie de l’extrême droite française et considère le conflit en Ukraine comme une guerre sainte contre l’Occident. Sa rhétorique virulente contre les « mondialistes » et sa vision d’une Russie garante d’un ordre traditionnel trouvent un écho particulier dans le contexte actuel. La rupture avec la Turquie d’Erdogan, qu’il accuse désormais de collusion avec Israël, pourrait annoncer une reconfiguration majeure des alliances au Moyen-Orient.
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