(A quand la prise de mesure contre les déviances ?) Depuis son arrivée au Bénin, le réseau social TikTok a su s’imposer comme un canal privilégié pour la création et la diffusion de contenus. Toutefois, cette plateforme est au cœur de vives critiques. De nombreux observateurs dénoncent une dérive vers la vulgarité, l’immoralité et la débauche qui compromettrait les valeurs socioculturelles du pays et l’avenir des jeunes générations. N’est-il pas temps que les autorités réagissent à cela ?
Le réseau social TikTok permet à la base, à ses utilisateurs de publier des vidéos courtes, souvent accompagnées de musiques entraînantes ou de défis viraux. Cependant, pour certains jeunes béninois, cette recherche de visibilité se traduit par des contenus qui flirtent avec les limites de la décence. Des danses suggestives, des insultes en guise d’humour, des mises en scène provocantes, des disputes interpersonnelles, l’extravagance et parfois même l’exposition des sujets à connotation familiale envahissent les fils d’actualité.
« Les vidéos sont devenues un véritable concours de vulgarité. C’est à celui ou celle qui attirera le plus l’attention, souvent au détriment des bonnes mœurs », confie un sociologue béninois spécialisé dans l’analyse des nouveaux médias. Les influenceurs TikTok au Bénin, figures de proue du phénomène, ne sont pas étrangers à cette situation. En quête de followers et de likes, certains n’hésitent pas à publier des contenus complètement immoraux. « Aujourd’hui au Bénin, influenceur égale vulgaire. Ce qu’ils mettent en ligne n’est vraiment pas bien pour les enfants et les plus jeunes », reproche un étudiant de l’université d’Abomey–Calavi. Ces vidéos, largement diffusées, deviennent des modèles pour des jeunes impressionnables. Un enseignant déplore cette situation : « Beaucoup de jeunes reproduisent ce qu’ils voient sur TikTok, parfois sans comprendre les conséquences de leurs actes. On assiste à une banalisation de la violence verbale et à une hypersexualisation alarmante ». La situation est telle que l’artiste chanteur béninois Richard Flash propose qu’« Il faut bloquer tiktok au Bénin à partir de 22h pour éviter que les jeunes veillent trop tard ».
Au carrefour des déviances
Cette invasion de contenus inappropriés inquiète de nombreux parents et éducateurs. Tiktok, loin de se limiter à un outil de divertissement, devient un espace où la désinhibition atteint son paroxysme. Les conséquences sont une érosion des valeurs traditionnelles et une montée des comportements à risque. Dans un environnement déjà très difficile au regard de la perte des valeurs, le réseau social tiktok vient comme pour sonner le glas au Bénin.
Plus de vie privée, plus d’intimité, plus de relations amicales, plus d’initiatives. Tout est devenu exhibition, exposition et extravagance. Des jeunes qui n’ont aucune activité peuvent exposer sur tiktok, des véhicules achetés à coûts de dizaines de millions ou déclarer qu’ils sont payés à près du million le mois sans aucune crainte de poursuite ou de mise en examen dans un environnement où le terrorisme bat son plein avec des décès quasi quotidiens sans le nord du pays. Parfois même, des noms de personnalités circulent dans ce milieu perverti par la grossièreté et où les questions sexuelles sont abordées avec la plus grande légèreté violant tout principe d’attentat à la pudeur.
Nécessité d’une régulation comme c’est le cas en Chine
En Chine par exemple, TikTok connu sous le nom de Douyin, est une application distincte de sa version internationale, mais appartenant à la même société mère, ByteDance. Contrairement à la version mondiale, Douyin est strictement régulée par les autorités chinoises et s’inscrit dans un cadre de surveillance étatique rigoureux visant à aligner les contenus numériques sur les normes culturelles, morales et politiques du pays. Douyin est soumis à des règles strictes pour éviter la diffusion de contenus jugés immoraux, violents ou politiquement sensibles.
Les autorités chinoises imposent une modération proactive et un filtrage algorithmique pour s’assurer que les publications respectent les directives gouvernementales. Les contenus promouvant des comportements nuisibles ou contraires aux valeurs chinoises sont supprimés rapidement. En 2021, ByteDance a introduit une limite de temps d’utilisation pour les utilisateurs mineurs. Les jeunes de moins de 14 ans sont limités à 40 minutes par jour et ne peuvent utiliser l’application qu’entre 6h et 22h. Cette mesure vise à réduire la dépendance aux réseaux sociaux et à encourager un usage plus éducatif et responsable. Douyin met en avant des vidéos à caractère éducatif, scientifique, et culturel pour les jeunes utilisateurs. Ces contenus incluent des leçons d’histoire, des démonstrations scientifiques et des messages sur la citoyenneté. Le gouvernement chinois impose des audits réguliers et des contrôles de conformité sur les plateformes numériques, y compris Douyin.
Au Bénin, à ce jour, aucune restriction n’est imposée à aucun réseau social. Tout est ouvert à tout le monde, du plus petit au plus grand, de l’adulte au jeune, de l’homme à la femme. L’avenir de TikTok au Bénin dépendra donc de la capacité des utilisateurs, des influenceurs et des autorités à promouvoir des pratiques responsables et respectueuses des valeurs culturelles du pays. Et cela passe par une régulation. (Rejoignez la famille des abonnés de la chaîne WhatsApp de La Nouvelle Tribune en cliquant sur le lien https://whatsapp.com/channel/0029VaCgIOFL2ATyQ6GSS91x)
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