Afrique: comment la Turquie a évité un chaos qui aurait nui au commerce mondial

© Sputnik . Alekseï Droujinine

Les relations entre la Somalie et l’Éthiopie ont toujours été marquées par des tensions territoriales et politiques, particulièrement depuis l’indépendance somalienne en 1960. Le Somaliland, région autoproclamée indépendante depuis 1991 mais non reconnue internationalement, représente un point de friction majeur entre les deux nations. L’accord signé le 1er janvier 2024 entre l’Éthiopie et le Somaliland, prévoyant un accès maritime pour Addis-Abeba via un bail de 50 ans sur 20 kilomètres de côtes, a ravivé ces tensions historiques. La Somalie y voit une violation directe de sa souveraineté, tandis que l’Éthiopie, nation la plus peuplée au monde sans accès à la mer, considère cet accord comme une nécessité stratégique.

Une analyse détaillée du rôle de la Turquie dans cette crise a été publiée le 8 janvier par l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS). Ce rapport intitulé « La Turquie en médiateur : résolution du conflit entre la Somalie et l’Ethiopie » dévoile les coulisses d’une médiation diplomatique qui a évité un conflit majeur en Afrique de l’Est.

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Une médiation décisive au cœur de l’été

Face à la montée des tensions entre les deux pays, la Turquie a pris l’initiative en juillet 2024. À la demande de l’Éthiopie et avec l’accord de la Somalie, Ankara a lancé une série de négociations indirectes, baptisées « processus d’Ankara ». Le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, a multiplié les rencontres avec les deux parties durant l’été. Ces efforts diplomatiques ont abouti le 11 décembre à un accord historique, prévoyant l’ouverture de négociations techniques sous égide turque d’ici février 2025.

Une influence diplomatique construite sur le long terme

Le succès de la médiation turque repose sur des décennies de coopération avec les deux nations. À Mogadiscio, Ankara gère sa plus importante base militaire à l’étranger, le camp TURKSOM, où elle forme l’armée somalienne. La Turquie s’est également engagée à protéger les eaux territoriales somaliennes pendant dix ans et mène des projets d’exploration pétrolière. En Éthiopie, la présence turque se manifeste par un partenariat stratégique majeur : les entreprises turques dominent le secteur privé avec près de 200 sociétés, tandis que les échanges commerciaux ont bondi de 27 millions de dollars en 2000 à plus de 400 millions en 2019. Cette double influence a permis à Ankara de gagner la confiance des deux parties.

Un accord vital pour le commerce mondial

L’intervention turque a permis d’éviter une déstabilisation majeure dans une région cruciale pour l’économie mondiale. Le détroit de Bab el-Mandeb, qui borde la zone de conflit, constitue le deuxième corridor maritime le plus emprunté au monde. Une guerre entre l’Éthiopie et la Somalie aurait menacé cette route essentielle, déjà fragilisée par les attaques des rebelles Houthis depuis le Yémen. L’accord obtenu par la Turquie a rassuré la communauté internationale : l’Union africaine l’a qualifié d’ »acte important » et l’Autorité intergouvernementale pour le développement y voit un engagement pour la résolution pacifique des conflits. La victoire diplomatique turque garantit ainsi la stabilité d’une région où transitent 90% des conteneurs du commerce international.

Une réponse

  1. Avatar de Yass
    Yass

    C’est L’IRIS qui a publié ce rapport, venant de France, on ne peut lui accorder la moindre confiance. Le rôle de la Turquie est probablement largement surestimé.

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