Le Kenya cherche à renforcer ses ambitions régionales en matière d’infrastructures en négociant un partenariat stratégique avec les Émirats arabes unis (EAU). L’objectif : étendre le réseau ferroviaire à écartement standard (SGR), déjà opérationnel au Kenya, pour relier le pays à l’Ouganda et au Soudan du Sud. Cette initiative, qui a été annoncée par le président William Ruto le 14 janvier 2025, vise à renforcer l’intégration régionale et à stimuler le commerce entre ces nations voisines.
Lors de sa rencontre à Abu Dhabi avec Mohamed Hassan Alsuwaidi, ministre émirati de l’Investissement, le président kényan a souligné l’importance de ce projet d’extension du SGR pour la région. « Nous avons convenu de mener une étude de faisabilité sur l’extension du SGR, en examinant son potentiel à encourager les échanges commerciaux et à renforcer les liens entre nos pays », a déclaré M. Ruto sur le réseau social X (ex-Twitter). Ce projet s’inscrit dans une dynamique plus large visant à promouvoir le développement durable, au cœur des discussions du sommet auquel le président kényan participait.
Actuellement, le Kenya est le seul pays de la région à disposer d’un tronçon ferroviaire SGR en fonctionnement, reliant Nairobi à Naivasha, sur plus de 600 kilomètres. Ce projet a été financé en grande partie par la Chine, qui a soutenu la première phase du SGR, soit un axe de 472 km entre Nairobi et Mombasa et un autre de 120 km entre Nairobi et Naivasha, pour un investissement total de 5 milliards de dollars. Cependant, la Banque chinoise d’import-export, initialement prêteur, s’est retirée du projet à cause de la montée de la dette du Kenya et des critiques concernant le coût élevé de l’initiative.
Cette sortie de la Chine a ralenti la progression du projet, notamment la construction du tronçon entre Naivasha et Kisumu, prévu pour relier la frontière ougandaise. Cependant, la relance de l’interconnexion entre le Kenya, l’Ouganda et le Soudan du Sud a pris un nouveau tournant en octobre 2024, avec la signature d’un contrat de 2,95 milliards $ entre l’Ouganda et le groupe turc Yapi Merkezi. Ce dernier sera chargé de construire un tronçon reliant la capitale ougandaise Kampala à la frontière kényane.
Dans ce contexte, les Émirats arabes unis apparaissent comme un partenaire clé pour le Kenya dans la réalisation de ce projet ambitieux. La coopération entre les deux nations pourrait non seulement offrir un soutien financier, mais aussi apporter l’expertise technique nécessaire pour étendre et moderniser le réseau ferroviaire en Afrique de l’Est. Ce partenariat s’inscrit dans une dynamique d’investissements croissants des Émirats dans des projets d’infrastructures à travers le continent africain.
Le chemin de fer SGR, une fois étendu à l’Ouganda et au Soudan du Sud, devrait jouer un rôle central dans le développement économique régional en facilitant le commerce et la circulation des biens entre ces pays. L’objectif est de transformer la région en un véritable hub commercial, réduisant les coûts de transport et améliorant la compétitivité des économies locales.
L’extension du SGR au-delà du Kenya représente un pas important vers l’intégration de l’Afrique de l’Est, mais aussi un défi considérable en matière de financement et de gestion. Alors que l’Ouganda et le Soudan du Sud s’engagent dans la modernisation de leurs infrastructures ferroviaires, le projet nécessite des investissements continus et une gestion étroite des ressources pour garantir sa viabilité économique.
La mise en place de ce corridor ferroviaire transnational pourrait transformer le paysage du commerce régional, facilitant le transport des marchandises vers les ports kényans de Mombasa, un point névralgique pour l’accès à l’océan Indien. Mais, au-delà des infrastructures, ce projet sera également un levier pour la croissance de ces économies, en particulier en permettant aux zones intérieures de ces pays de mieux se connecter au reste du monde.
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