La vague de décolonisation militaire en Afrique se poursuit inexorablement. Depuis 2022, les populations du Mali, du Burkina Faso et du Niger ont massivement manifesté contre la présence militaire française, poussant leurs gouvernements à exiger le retrait des bases militaires hexagonales de leurs territoires. Cette dynamique populaire a conduit au démantèlement progressif du dispositif militaire français dans le Sahel, marquant la fin d’une ère d’influence directe de Paris dans la région.
Une réorganisation militaire aux allures de retrait continental
Le président ivoirien Alassane Ouattara a annoncé mardi soir la rétrocession prochaine de la base militaire française d’Abidjan à la Côte d’Ivoire. Le camp du 43e bataillon d’infanterie de marine (BIMA) de Port-Bouet, qui hébergeait environ 1000 soldats français, sera transféré aux forces armées ivoiriennes dès janvier 2025. Cette décision intervient après les récentes annonces du Sénégal et du Tchad concernant le départ des militaires français de leurs territoires respectifs. Au Tchad, une première base située à Faya, dans l’extrême nord du pays, a déjà été rétrocédée le 26 décembre.
La montée en puissance des armées nationales africaines
Le camp militaire d’Abidjan sera rebaptisé en l’honneur du Général Ouattara Thomas d’Aquin, premier chef d’état-major de l’armée ivoirienne, symbolisant ainsi la volonté d’affirmer la souveraineté militaire nationale. « Nous pouvons être fiers de notre armée dont la modernisation est désormais effective », a souligné le président Ouattara, mettant en avant les capacités croissantes des forces armées ivoiriennes. Cette modernisation témoigne de la détermination des États africains à assurer leur propre sécurité, notamment face aux menaces djihadistes qui persistent dans la région sahélienne et aux frontières nord des pays du golfe de Guinée.
Un tournant politique majeur en perspective
La Côte d’Ivoire, traditionnellement considérée comme un allié proche de la France en Afrique de l’ouest, amorce ainsi une nouvelle phase de son histoire militaire. Cette évolution survient à quelques mois de l’élection présidentielle d’octobre 2025, que le président Ouattara promet « apaisée », « transparente et démocratique ». À 83 ans, le chef de l’État ivoirien, qui n’a pas encore dévoilé ses intentions concernant une éventuelle candidature à un quatrième mandat, semble vouloir marquer son empreinte sur la transformation des relations franco-ivoiriennes, répondant ainsi aux aspirations croissantes de souveraineté exprimées sur le continent africain.
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