Le spectre d’une catastrophe industrielle plane de nouveau sur Abidjan. La mémoire de la tragédie du Probo Koala de 2006 resurgit alors qu’un cargo transportant du nitrate d’ammonium, substance à l’origine de l’explosion dévastatrice de Beyrouth en 2020, attend au large des côtes ivoiriennes. Cette affaire réveille les craintes des Abidjanais qui, il y a près de 20 ans, avaient subi l’une des pires catastrophes environnementales du pays lorsque le Probo Koala avait déversé plus de 500 mètres cubes de déchets toxiques, causant la mort de 17 personnes et l’intoxication de plusieurs dizaines de milliers d’autres.
Une cargaison sous haute surveillance
Le Zimrida, navire battant pavillon de la Barbade, transporte actuellement 20 000 tonnes de nitrate d’ammonium, une quantité sept fois supérieure à celle qui avait ravagé le port de Beyrouth. Sur ce total, 3 000 tonnes sont destinées à la Côte d’Ivoire. Les autorités portuaires maintiennent le cargo à 22 kilomètres des côtes depuis le 30 décembre, après avoir reçu des signalements concernant une possible détérioration de sa cargaison. Cette substance, couramment utilisée comme engrais agricole, devient particulièrement dangereuse lorsqu’elle se dégrade ou subit une mauvaise manipulation.
Des mesures préventives drastiques
Face à cette menace potentielle, les responsables portuaires ont interdit l’accès du navire aux eaux territoriales ivoiriennes. Une réunion cruciale est prévue avec le propriétaire de la marchandise et le transporteur pour évaluer minutieusement la situation. Le Dr Souleymane Cissé, environnementaliste, souligne les risques majeurs liés à la dégradation du nitrate d’ammonium : sa combustion peut libérer des gaz toxiques et des particules fines, créant ainsi un danger sanitaire considérable pour les populations environnantes.
L’ombre persistante des catastrophes passées
L’arrivée du Zimrida ravive les traumatismes d’une population déjà marquée par le drame du Probo Koala. Ce précédent catastrophique avait mis en lumière les failles dans la surveillance maritime et la gestion des matières dangereuses. La société Tommy, sous-traitante ivoirienne, avait dispersé les déchets toxiques dans douze sites différents autour d’Abidjan, provoquant une crise sanitaire et environnementale majeure. Les autorités ivoiriennes, échaudées par cette expérience, adoptent désormais une approche préventive rigoureuse face aux menaces similaires, privilégiant la protection des populations aux intérêts commerciaux immédiats.
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