En Afrique, les ressources minières sont parmi les plus importantes du monde. Après les accusations contre les compagnies, c’est désormais la Chine qui est pointée du doigt. En effet des ressortissants chinois sont de plus en plus accusés d’exploitation illégale des minerais dans plusieurs pays africains.
Principale consommatrice de matières premières dans le monde, la Chine a jeté depuis le début des années 2000, son dévolu sur les ressources minières africaines. Soutenant massivement les entreprises locales via des participations directes, le gouvernement chinois a en effet multiplié les partenariats, les sommets et les rencontres diplomatiques avec les Etats africains pour sécuriser les ressources indispensables à sa croissance. Mais derrière cette belle vision, l’exploitation des ressources minières par les entreprises chinoises contribue également à l’épuisement des gisements et ne profitent pas aux communautés locales.
Une exploitation des ressources africaines par tous les moyens
Sur la dernière décennie, la mainmise des entreprises chinoises sur les mines africaines ont surtout permis à celles-ci d’engranger d’énormes profits. Le cas de la RDC fournit un bel exemple de la situation. En 2008, celles-ci s’engageaient à investir 3 milliards $ en hôpitaux, routes et chemins de fers dans le cadre du contrat « mines contre infrastructures » qui leur octroyait des gisements de cobalt et de cuivre.
Plus de 15 ans plus tard, un rapport de l’Inspection générale des Finance (IGF) révèle que la partie chinoise n’a investi que 822 millions de dollars dans les infrastructures, soit seulement 27 % de la somme initiale alors que les entreprises chinoises ont engrangé 10 milliards de dollars de profits depuis la signature de l’accord par l’administration de l’ancien président Joseph Kabila.
Au-delà des contrats officiels noués avec les gouvernements, plusieurs entreprises chinoises se sont lancées dans une véritable conquête des ressources dans plusieurs pays africains.
En juillet 2024, Jean-Jacques Perusi, gouverneur de la province du Sud-Kivu rapportait à l’Agence congolaise de presse (ACP) que 147 entreprises minières chinoises opéraient illégalement dans la région.
« On a trouvé que certaines de ces entreprises avaient des permis obtenus à Kinshasa par des voies parfois détournées, mais en réalité ces permis ont expiré depuis 2013, 2014 jusqu’à 2016 », avait-il confié au média.
Plus récemment, le 20 décembre dernier, 17 ressortissants chinois ont été appréhendés par les autorités du Sud-Kivu pour exploitation minière illégale. Selon M. Perusi, les mineurs chinois interpellés doivent 10 millions $ d’impôts et d’amendes.
« Les entreprises chinoises exploitent des sites miniers sans respecter les principes du droit minier. Elles n’ont pas effectué d’études de faisabilité nécessaires ni d’évaluations sur l’impact environnemental de leurs activités et n’ont pas de permis d’exploitation. Certaines sociétés chinoises ont refusé de signer des cahiers de charges avec la population locale conformément au droit minier congolais », indiquait déjà une note d’analyse de l’IFRI publiée en février 2022.
Au-delà de la RDC, les pratiques illégales chinoises sont récurrentes et ont été largement documentées dans d’autres pays africains. En Namibie par exemple, le ministère des Mines a annoncé l’ouverture d’une enquête visant Xinfeng Investments pour exploitation minière illégale à la mi-décembre.
L’entreprise chinoise qui n’a qu’un seul permis d’exploration aurait été impliquée dans l’extraction de lithium, endommageant l’environnement et des tombes ancestrales des communautés locales.
Par ailleurs, entre 2020 et 2023, l’ENACT, une initiative de lutte contre le crime organisé transnational a rapporté des dizaines d’arrestations de ressortissants chinois opérant illégalement dans les États de Kwara, de Zamfara et d’Akwa Ibom au Nigeria.
La nécessité de prise de conscience et de renforcer le contrôle public. Sur le continent africain, l’ampleur des opérations des entreprises chinoises dans le secteur minier exige une prise de conscience rapide de la part des organisations de la société civile, les agences gouvernementales ainsi que des pouvoirs publics. Alors la pression monte pour que les ressources africaines profitent véritablement aux populations africaines et favorisent le développement économique des pays, cette question reste cruciale. Déjà en RDC, le gouvernement a annoncé une renégociation du contrat « mines contre infrastructures » afin d’obtenir 7 milliards de dollars supplémentaires. Pour sa part, l’IGF a exigé 17 milliards de dollars d’investissements supplémentaires dans les infrastructures. Dans de nombreux pays africains, les populations manifestent déjà contre l’exploitation minière illégale qui engendre des impacts environnementaux et sociaux délétères sur les communautés rurales.
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