Depuis plusieurs décennies, le Niger a développé des relations économiques privilégiées avec la Chine, notamment dans les secteurs miniers et pétroliers. Pékin a massivement investi dans l’infrastructure nigérienne, finançant des projets stratégiques comme le barrage de Kandadji et la raffinerie de Zinder. Ce partenariat s’inscrivait dans la stratégie chinoise des « Nouvelles routes de la soie » en Afrique, permettant au Niger d’accéder à des financements considérables tout en offrant à la Chine un accès aux ressources naturelles du pays. Les entreprises chinoises ont progressivement pris position dans l’exploitation pétrolière, la construction d’infrastructures et l’hôtellerie de luxe, établissant une présence économique solide dans ce pays sahélien.
Une rupture brutale dans les relations sino-nigériennes
Les autorités de Niamey ont récemment adopté une position ferme envers les investisseurs chinois. Jeudi 13 mars, trois hauts responsables d’entreprises pétrolières chinoises ont été expulsés du territoire national avec un délai de 48 heures pour quitter le pays. Parmi eux figurent le directeur général de la Soraz, le dirigeant de la CNPC qui extrait le pétrole nigérien, ainsi que le responsable de Wapco, société chinoise gérant l’oléoduc d’exportation du brut.
Cette décision fait suite à une série de mesures restrictives prises à l’encontre des intérêts chinois. Début mars, le gouvernement avait déjà retiré définitivement la licence d’exploitation de l’hôtel Soluxe, établissement de luxe chinois. Les motifs invoqués dans l’arrêté mentionnaient des « pratiques discriminatoires », « l’interdiction abusive des autres nationalités », des travaux non autorisés et des déclarations fiscales frauduleuses concernant les nuitées.
Des tensions cristallisées autour du secteur pétrolier
La raffinerie de Zinder, unique installation de ce type au Niger et gérée par la société chinoise Soraz, se trouve particulièrement dans le collimateur des autorités. L’administration nigérienne a procédé à la saisie de quatre comptes bancaires de l’entreprise suite à un redressement fiscal, portant un coup sévère à ses opérations.
Ces mesures surviennent dans un contexte particulièrement sensible de pénurie d’essence durant la période du ramadan, alimentant le mécontentement populaire. Les autorités nigériennes semblent désormais remettre en question les conditions d’exploitation des ressources naturelles du pays par les entreprises chinoises, inaugurant une période d’incertitude pour les relations économiques entre Niamey et Pékin.
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