Afrique: un tiers de la population vit dans la pauvreté mais…

Addis-Abeba (Photo Wikivoyage)

Au cours des deux dernières décennies, l’Afrique a connu des avancées notables malgré les défis persistants. Le continent a enregistré une croissance économique moyenne de 5% entre 2000 et 2015, stimulée par l’amélioration de la gouvernance, l’augmentation des investissements étrangers et la diversification progressive des économies. Des progrès significatifs ont été réalisés dans la réduction de la mortalité infantile, l’expansion de l’accès à l’éducation primaire et la lutte contre les maladies comme le VIH/SIDA et le paludisme. La révolution mobile a permis à l’Afrique de sauter des étapes technologiques, favorisant l’inclusion financière et l’entrepreneuriat. Des initiatives d’intégration régionale comme la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) ont également posé les jalons d’une coopération économique renforcée.

Toutefois, ces progrès, aussi encourageants soient-ils, n’ont pas suffi à éradiquer les problèmes structurels profonds qui continuent d’entraver le développement équitable du continent. Les inégalités persistent et la vulnérabilité aux chocs externes demeure élevée, comme l’attestent les données récentes sur la pauvreté.

Publicité

L’ombre persistante de la pauvreté

Selon le récent rapport examiné lors de la 57e session de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA) qui se déroule à Addis-Abeba jusqu’au 18 mars, la pauvreté continue d’affliger le continent à un niveau alarmant. Près d’un tiers de la population africaine, soit environ 468 millions de personnes, vivait dans la pauvreté en 2024. Ce taux se révèle près de sept fois supérieur à la moyenne mondiale, illustrant l’ampleur du défi.

Le rapport met en lumière comment la pandémie de coronavirus, conjuguée aux conflits armés et aux catastrophes naturelles, a anéanti de nombreux progrès accomplis pendant les décennies précédentes. Ces crises multiples ont exposé la fragilité des avancées socioéconomiques du continent.

Perspectives économiques et défis infrastructurels

Malgré ce tableau préoccupant, les perspectives économiques africaines montrent des signes d’amélioration graduelle. Après avoir atteint 2,6% en 2023, la croissance économique est estimée à 2,9% en 2024 et devrait s’élever à 3,9% en 2025, signalant une trajectoire ascendante, quoique modeste.

La CEA a toutefois souligné l’insuffisance des investissements dans les infrastructures à travers le continent, qui ne représentent que 4% de son PIB. Pour combler ce déficit critique, l’organisation estime que 160 milliards de dollars sont requis d’urgence jusqu’en 2030 pour financer 69 projets prioritaires. Parmi ces initiatives essentielles, 24 concernent le secteur des transports, 18 l’énergie, 16 les ressources en eau transfrontalières et 11 les technologies de l’information et de la communication.

Publicité

Dans le domaine spécifique des transports, les pays africains devront mobiliser plus de 120 milliards de dollars d’ici 2030 pour développer les infrastructures nécessaires, soulignant l’ampleur des besoins d’investissement pour soutenir le développement économique du continent.

Vers une souveraineté économique renforcée

Malgré ces obstacles considérables, l’Afrique avance résolument vers une transformation économique fondamentale. Plusieurs pays ont entrepris la révision de leurs codes miniers hérités de l’ère post-coloniale, longtemps critiqués pour leurs clauses désavantageuses. Ces réformes visent à garantir une répartition plus équitable des richesses issues des ressources naturelles et à maximiser les retombées locales des exploitations minières.

En parallèle, le continent connaît une multiplication prometteuse d’industries de transformation, marquant une rupture avec le modèle traditionnel d’exportation de matières premières brutes. Du Ghana qui a inauguré des usines de transformation du cacao à la Tanzanie qui développe le raffinage de ses minerais, en passant par l’Éthiopie qui renforce son secteur manufacturier textile, une dynamique de création de valeur ajoutée locale s’installe progressivement. Cette évolution, couplée à l’expansion du marché intérieur africain stimulée par la ZLECAf, laisse entrevoir un avenir où la croissance économique pourrait enfin se traduire par une réduction significative de la pauvreté sur le continent.

Une réponse

  1. Avatar de Nboya
    Nboya

    doucement, on y arrivera. Il suffit de se débarrasser totalment des vieux dictateurs appuyés de l’extérieur et les remplacer par une jeunesse éduquée localement sortie du milieu populaire.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité