Les relations entre le Maroc et l’Algérie restent marquées par des décennies d’antagonisme, remontant à la « Guerre des Sables » de 1963. Cette hostilité s’est cristallisée autour du conflit du Sahara occidental, territoire revendiqué par Rabat comme partie intégrante de son territoire national, tandis qu’Alger soutient le Front Polisario qui milite pour l’indépendance de la région. Cette rivalité historique s’exprime aujourd’hui par une course aux armements, des alliances internationales divergentes et une compétition d’influence régionale, particulièrement intensifiées depuis la rupture des relations diplomatiques en août 2021, quand l’Algérie a accusé son voisin d’actes hostiles, notamment liés à son rapprochement avec Israël.
Un équilibre fragile menacé par des pressions internes
Le cabinet de conseil Oxford Analytica dresse un tableau préoccupant de la situation. Selon son récent rapport, le « calme relatif » entre les deux puissances maghrébines repose essentiellement sur la prudence mutuelle des dirigeants. Cette retenue s’explique principalement par la crainte des conséquences imprévisibles d’un conflit ouvert qui « pourrait saper leur crédibilité et leur légitimité, tout en alimentant l’instabilité interne.«
Un facteur de risque significatif réside dans les tensions internes au Front Polisario. Oxford Analytica note qu’une faction du mouvement, frustrée par l’absence de progrès vers l’autodétermination, « appelle ouvertement à l’escalade contre le Maroc« . Cette pression pourrait déclencher une intensification militaire, d’autant plus que le cessez-le-feu de 1991 a été rompu en novembre 2020 à l’initiative du Front.
L’équilibre militaire penche actuellement en faveur d’Alger, qui dispose d’une armée de 520 000 soldats contre 200 000 pour Rabat, et d’un budget défense trois fois supérieur (18,3 milliards de dollars contre 5,2 milliards). Cependant, le Maroc compense ce déséquilibre par la modernisation rapide de ses équipements militaires, notamment grâce à ses alliances stratégiques.
Une compétition internationale aux enjeux régionaux
Les deux rivaux déploient une intense activité diplomatique pour renforcer leurs positions respectives. « L’Algérie et le Maroc cherchent à s’attirer les faveurs des puissances étrangères par le biais d’investissements, de partenariats sécuritaires et d’une diplomatie active, » relève le rapport.
L’orientation de la Maison-Blanche représente un facteur déterminant dans l’équation. Selon les analystes d’Oxford, l’administration américaine pourrait soit adopter une posture de retrait vis-à-vis d’une zone considérée comme périphérique à ses priorités stratégiques – attitude observée durant le premier mandat Trump – soit affirmer clairement son soutien à Rabat. La position marocaine demeure privilégiée suite à la décision historique de Donald Trump, qui avait formellement reconnu les revendications territoriales du royaume sur le Sahara occidental fin 2020.
L’Algérie, traditionnellement alliée à la Russie, tente de diversifier ses partenariats. En cas de conflit ouvert, Rabat pourrait cependant compter sur un « soutien d’urgence des États-Unis, d’Israël et de la France« , tandis qu’Alger resterait « tributaire de la Russie ».
Le rapport d’Oxford Analytica souligne enfin les risques d’une escalade pour l’Europe: un conflit « entraînerait de nouvelles vagues de migration vers l’Europe et perturberait le commerce en Méditerranée », constituant ainsi une menace directe pour la stabilité euro-méditerranéenne.
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