Les relations franco-algériennes traversent une nouvelle zone de turbulences depuis 2021, marquées par des crises diplomatiques à répétition. La réduction du nombre de visas accordés aux Algériens, les déclarations du président Macron questionnant l’existence d’une nation algérienne avant la colonisation française, et les différends mémoriels liés à la guerre d’Algérie ont considérablement refroidi les rapports entre les deux pays. Malgré quelques tentatives de rapprochement, notamment lors de la visite d’Emmanuel Macron à Alger en août 2022, les tensions persistent sur plusieurs dossiers, dont celui de la coopération judiciaire.
Un refus d’extradition qui ravive les tensions
Le ministère algérien des Affaires étrangères a vivement réagi jeudi après le rejet définitif par la justice française des demandes d’extradition visant Abdeslam Bouchouareb. L’ancien ministre de l’Industrie sous Bouteflika, qui a occupé ce poste de 2014 à 2017, fait l’objet de multiples condamnations en Algérie pour corruption, malversations et trafic d’influence. Ces infractions auraient, selon les autorités algériennes, occasionné des pertes financières considérables pour le trésor public.
La chambre d’instruction de la cour d’appel d’Aix-en-Provence a mis un terme mercredi à cette procédure d’extradition, entamée en octobre 2023 avec le dépôt de six demandes successives par l’Algérie. La juridiction française a justifié sa décision en invoquant l’article 3 de la convention européenne des droits de l’Homme, qui interdit la torture et les traitements inhumains ou dégradants, ainsi que l’article 5 de la convention d’extradition franco-algérienne de 2019, permettant de refuser l’extradition lorsqu’elle risque d’avoir des conséquences exceptionnellement graves pour la personne concernée, notamment en raison de son âge ou de son état de santé.
L’entraide judiciaire au point mort
Dans son communiqué, le gouvernement algérien dénonce « l’absence totale de coopération du gouvernement français en matière d’entraide judiciaire » malgré l’existence de nombreux instruments juridiques bilatéraux et internationaux. Alger affirme que ses efforts pour récupérer les richesses dont le pays a été spolié se heurtent systématiquement à des « tergiversations » de la partie française.
La diplomatie algérienne révèle que vingt-cinq commissions rogatoires introduites auprès des autorités françaises sont restées sans réponse, témoignant selon elle d’un blocage délibéré. Tout en prenant acte de la décision judiciaire concernant Bouchouareb, l’Algérie indique ne pas renoncer à d’autres voies de droit encore possibles pour obtenir le rapatriement de cet ancien responsable et des fonds détournés.
Cette nouvelle friction s’ajoute aux contentieux non résolus entre les deux pays et illustre la difficulté à établir une coopération judiciaire efficace, particulièrement sur les dossiers sensibles impliquant d’anciens hauts responsables algériens réfugiés en France.
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