Sénégal: un groupe minier accusé de ravages environnementaux

Bassirou Diomaye Faye (republicoftogo)

La « plus grosse drague minière au monde » et l’usine flottante du groupe minier français Eramet transforment les dunes du désert de Lompoul au Sénégal. Depuis 2014, cette exploitation extrait sans relâche des minéraux précieux (zircon, ilménite, rutile et leucoxène) destinés au commerce international.

L’empreinte laissée par cette mine itinérante est même visible depuis l’espace. Une activité minière qui a entraîné le déplacement de milliers d’habitants et paysans dans cette région agricole, aux écosystèmes si fragiles mais surtout si importants.

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Longtemps étouffées par les autorités, les protestations ont récemment pris une ampleur nationale avec l’entrée de la mine dans la zone du désert de Lompoul. Le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a lui-même dénoncé une exploitation qui « ne participe pas activement au développement territorial et ne profite pas aux populations locales ».

Impacts environnementaux et sociaux

Le groupe français est accusé de dégrader l’environnement et de menacer les ressources hydriques. Il mettrait aussi en jeu, la sécurité alimentaire des locaux. Les villageois dénoncent aussi le système d’indemnisation, qualifié de « dérisoire » et surtout, basé sur un barème datant des années 1970. Eramet Grande Côte affirme pourtant indemniser les habitants « cinq fois plus » que ce barème national et générer d’importantes retombées économiques pour le pays.

Les habitants sont relogés dans des villages dernièrement construits par l’entreprise. Tous témoignent d’une détérioration de leurs conditions de vie. « Le sol était fertile dans notre village, mais ici je suis obligé d’aller travailler dans les champs d’autres personnes » affirment certains locaux. Cette région agricole, autrefois reconnue pour sa fertilité, produisait encore récemment plus de 80% des légumes frais consommés dans le reste du pays.

Vers une remise en question du projet ?

Alors que le maire de Diokoul Diawrigne demande « un moratoire pour évaluer l’ensemble des dégâts », Frédéric Zanklan, directeur général de la filiale sénégalaise d’Eramet, défend la légalité de ses activités et leur bénéfice pour le Sénégal. L’entreprise prévoit même d’augmenter sa capacité d’extraction à partir de 2026, laissant craindre le pire pour les villageois et résidents de la région.

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