Depuis plusieurs années, les relations diplomatiques entre la France et certains pays d’Afrique de l’Ouest connaissent une évolution marquée par une distanciation progressive. Le Niger, le Burkina Faso et le Mali ont entrepris des actions significatives pour réduire l’influence française sur leur territoire, notamment en demandant le retrait des forces militaires françaises et en limitant les accords de coopération. Cette réorientation stratégique témoigne d’une volonté d’affirmer leur souveraineté nationale et de diversifier leurs partenariats internationaux, notamment avec la Russie et d’autres puissances émergentes.
Une transformation linguistique au cœur de la transition politique
Le 26 mars dernier, le Niger a franchi une étape supplémentaire dans cette dynamique en adoptant une nouvelle « Charte de la refondation », promulguée par Abdourahamane Tiani, dirigeant du régime militaire au pouvoir. Ce document, qui fait office de Constitution pendant la période de transition, modifie profondément le statut des langues dans le pays.
Selon l’article 12 de cette charte, « la langue nationale est le haoussa » tandis que « les langues de travail sont l’anglais et le français ». Cette réforme représente un changement majeur pour le Niger où le français, parlé par seulement 13% de la population (environ 3 millions d’habitants), occupait jusqu’alors la position de langue officielle.
Le haoussa, pratiqué par 26 millions de personnes, accède ainsi au rang de langue nationale. Parallèlement, neuf autres langues locales sont reconnues comme « langues parlées du Niger », notamment le zarma-songhay, le fulfuldé (peul), le kanouri, le gourmantché et l’arabe.
Un mouvement régional de revalorisation des langues africaines
Cette décision du Niger s’inscrit dans une tendance observée dans la région. Le Mali et le Burkina Faso ont également entrepris des réformes similaires, faisant des langues nationales leurs langues officielles et reléguant le français au simple statut de langue de travail.
Ces changements linguistiques s’accompagnent d’autres mesures symboliques. Le Niger avait précédemment procédé au changement de noms de rues et de monuments portant des noms français, illustrant cette volonté de transformer les symboles hérités de la période coloniale.
La promotion des langues locales représente ainsi un aspect important de la redéfinition identitaire et politique actuellement en cours dans ces pays d’Afrique de l’Ouest, où l’héritage linguistique colonial est progressivement remis en question au profit d’une valorisation des patrimoines culturels nationaux.
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