Le continent africain a longtemps vécu sous la tutelle militaire occidentale, achetant systématiquement ses équipements de défense auprès des anciennes puissances coloniales. Cette relation de subordination a progressivement évolué ces dernières décennies avec l’émergence de nouveaux fournisseurs. La Chine et la Russie ont d’abord brisé ce monopole, suivies par la Turquie et Israël qui proposent désormais leurs technologies militaires à de nombreux États africains. Cette multiplication des partenaires témoigne d’une recherche accrue d’indépendance stratégique, dont le Sénégal devient aujourd’hui l’un des exemples les plus révélateurs.
Le pays d’Afrique de l’Ouest lance un projet industriel sans précédent avec la création prochaine d’un centre de production de véhicules militaires tactiques à Mbacké, dans la région de Diourbel. Ce programme mobilise 35 milliards de francs CFA et ambitionne de fabriquer 1 000 véhicules par an pour équiper l’armée sénégalaise.
La souveraineté militaire comme priorité nationale
Durant son allocution précédant les célébrations de l’indépendance, le président Bassirou Diomaye Faye a souligné l’importance cruciale de l’autonomie militaire pour l’avenir du pays. Cette orientation stratégique s’est concrétisée par la création d’une récompense spécifique encourageant l’innovation dans le domaine de l’industrie militaire nationale.
Une étape décisive a été franchie le 7 novembre 2024 avec la formalisation d’un accord entre le gouvernement et l’entreprise Industrie Sénégal de Véhicules Militaires (ISEVEM). La cérémonie, menée en présence des autorités militaires et industrielles du pays, marque le démarrage officiel de cette aventure technologique.
Alliances stratégiques et autonomie technologique
Cette usine représente bien plus qu’une simple unité de montage. L’originalité du projet tient également à l’implication sud-coréenne, apportant expertise et savoir-faire dans un partenariat orienté vers le transfert de connaissances. Cette alliance avec une puissance asiatique illustre la volonté sénégalaise d’explorer de nouvelles voies de coopération, loin des partenaires traditionnels.
Cette initiative pourrait inspirer d’autres nations africaines cherchant à réduire leur vulnérabilité stratégique tout en développant leur base industrielle locale dans le secteur sensible de la défense.
Laisser un commentaire