Depuis février 2022, le conflit entre la Russie et l’Ukraine a transformé en profondeur la lecture des menaces militaires en Europe. Le recours intensif par Moscou à des technologies de pointe, comme les missiles hypersoniques et le missile de croisière Oreshnik, a impressionné de nombreux observateurs. À cela s’ajoutent les essaims de drones kamikazes, véritables multiplicateurs de force sur le champ de bataille, qui ont complexifié les défenses adverses et forcé une révision des doctrines militaires dans plusieurs États européens.
Une simulation britannique révélatrice d’une vulnérabilité
À l’aide du simulateur « Gladiator« , les forces britanniques ont mené un exercice nommé « Night 1 of Ukraine« , basé sur les premières frappes russes observées en Ukraine. L’objectif était de tester la réactivité de leur défense aérienne en cas d’attaque massive. Lors d’une conférence du Royal United Services Institute (RUSI), l’Air Commodore Blythe Crawford a expliqué que les résultats obtenus étaient préoccupants : certaines bases stratégiques pourraient être débordées face à un assaut de drones et de missiles mené simultanément.
Ce constat est d’autant plus marquant que le Royaume-Uni avait historiquement bâti ses opérations militaires sur l’idée que ses garnisons étaient hors d’atteinte directe. Aujourd’hui, cette assurance n’est plus de mise, contraignant les responsables militaires britanniques à envisager un nouveau modèle où les infrastructures locales doivent être activement protégées.
Les capacités européennes à l’épreuve des nouvelles menaces
La situation britannique n’est pas isolée. Plusieurs pays européens ont également entrepris de revoir leurs défenses aériennes, mais les niveaux de préparation varient considérablement. L’Allemagne, malgré des investissements récents avec l’acquisition du système Arrow 3, reste en phase de montée en puissance. La France dispose de son propre réseau de défense sol-air, notamment via le système SAMP/T, mais la multiplication des menaces combinées, drones et missiles de croisière, pose de nouveaux défis. L’Italie et l’Espagne, pour leur part, travaillent à renforcer leurs capacités anti-aériennes mais à des niveaux de modernisation encore inégaux. À la lumière des résultats britanniques, il apparaît que de nombreux États européens doivent accélérer l’adaptation de leur modèle défensif pour faire face à des attaques hybrides de grande ampleur.
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