Chine: un chantier titanesque dévoilé, les rivaux occidentaux inquiets

BYD. Photo: DR

Initialement fabricant de batteries à sa création en 1995, BYD a opéré une transformation radicale pour devenir un acteur incontournable de l’automobile mondiale. Avec l’appui financier notable de Warren Buffett depuis 2008, l’entreprise chinoise a enregistré une progression spectaculaire dans l’univers des véhicules électrifiés. D’abord focalisée sur les consommateurs chinois, la firme a supplanté Tesla en termes d’unités commercialisées (électriques et hybrides confondues) fin 2023. Le modèle économique de BYD repose sur une maîtrise complète de sa chaîne de valeur, de la production des accumulateurs jusqu’à la fabrication intégrale des automobiles, ce qui lui confère un avantage concurrentiel majeur en matière de tarification tout en préservant sa rentabilité. Cette évolution symbolise la métamorphose de la Chine, qui transcende son statut d’atelier manufacturier mondial pour s’affirmer comme pôle d’innovation, particulièrement dans le domaine stratégique de l’électromobilité.

Un complexe industriel aux dimensions vertigineuses

Des séquences vidéo remarquables diffusées via internet dévoilent l’envergure d’une installation industrielle inédite. Ces images capturent un ensemble monumental développé par BYD à Zhengzhou, agglomération de cinq millions d’habitants au cœur de la province du Henan. Cette réalisation colossale dépasse largement le concept d’usine automobile conventionnelle pour constituer un écosystème urbain et industriel complet.

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Les structures documentées dans ces enregistrements défient l’imagination par leur magnitude : d’imposants bâtiments industriels abritant les unités de fabrication côtoient des zones d’habitation conçues pour les collaborateurs et leurs proches. D’après les commentaires accompagnant ces documents visuels, ce site industriel, comparé à « une superficie excédant celle de Paris », doit héberger approximativement « 100 000 employés avec leurs familles ». Le projet transcende sa fonction productive en intégrant l’ensemble des composantes urbaines essentielles incluant « résidences, boutiques » et « établissements scolaires ».

L’ambition démesurée de Zhengzhou

Cette mégastructure reflète la vision expansionniste orchestrée par l’administration municipale de Zhengzhou. Le premier magistrat de la ville a effectivement communiqué à l’automne précédent des prévisions particulièrement audacieuses : atteindre une production de 3 millions de véhicules avant 2025, dont 1,5 million propulsés par des groupes motopropulseurs électriques.

Pour matérialiser ces aspirations, l’exécutif municipal déploie des capitaux considérables dans le développement des réseaux de transport et l’innovation. L’agence Xinhua qualifiait récemment Zhengzhou de « pôle automobile émergent au centre du pays » dans une publication de mi-février.

Cette densification exceptionnelle des capacités manufacturières témoigne de l’offensive stratégique chinoise pour conquérir le secteur mondial de la mobilité électrique. Face à cette dynamique, les industriels occidentaux contemplent avec appréhension l’édification de ces infrastructures démesurées, capables d’alimenter les marchés internationaux avec des véhicules électriques performants sur les plans technologique et économique.

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La riposte occidentale face à l’expansion chinoise

L’offensive des constructeurs chinois sur les marchés internationaux, dont le complexe de Zhengzhou n’est qu’une manifestation parmi d’autres, suscite des réactions défensives multiples en Occident. Bien avant cette réalisation spectaculaire, les groupes automobiles traditionnels avaient déjà pris la mesure de la menace. Volkswagen poursuit sa transformation entamée il y a plusieurs années avec des investissements massifs dans l’électrification, tandis que Mercedes-Benz et BMW renforcent leur positionnement sur les segments haut de gamme où ils conservent encore une avance technologique.

Sur le plan règlementaire, l’Europe et les États-Unis ont amorcé un virage protectionniste marqué. La Commission européenne a lancé une investigation sur les subventions accordées aux constructeurs chinois, potentiellement génératrices de concurrence déloyale. Cette démarche pourrait aboutir à l’application de droits compensateurs substantiels sur les importations de véhicules électriques chinois. L’administration américaine a quant à elle déjà relevé considérablement ses barrières douanières pour freiner la pénétration des marques chinoises.

Cette confrontation s’étend également à la sécurisation des chaînes d’approvisionnement en matières premières critiques. Les constructeurs occidentaux multiplient les partenariats avec des extracteurs de lithium, nickel et cobalt en Australie, au Canada et en Amérique latine pour réduire leur dépendance envers les raffineurs chinois qui dominent actuellement ce secteur. Parallèlement, des initiatives comme l’Alliance européenne des batteries tentent de créer un écosystème industriel complet pour contrer l’hégémonie chinoise sur toute la chaîne de valeur.

Face à cette expansion industrielle chinoise systématique dont le complexe BYD de Zhengzhou représente l’illustration la plus récente et spectaculaire, l’industrie automobile occidentale se trouve contrainte de réinventer rapidement son modèle économique et industriel. Cette course contre la montre déterminera quels acteurs survivront à cette transition technologique majeure et à la reconfiguration géopolitique des chaînes de valeur automobiles mondiales.

Une réponse

  1. Avatar de Macron est un poisson rouge
    Macron est un poisson rouge

    Ceux qui se foutaient de la g** des Chinois ont l’air de ce qu’ils sont maintenant.
    Les dirigeants chinois sont des visionnaires. Quand on a compris ce qu’ils font, on l’a déjà profond, dans les tréfonds

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