Reconnue pour ses outils de protection antivirus et ses solutions de cybersécurité avancées, l’entreprise Kaspersky est aujourd’hui un acteur central dans la lutte contre les menaces numériques à l’échelle mondiale. Depuis plus de deux décennies, elle scrute l’évolution des techniques employées par les cybercriminels, tout en accompagnant les entreprises et les institutions dans leur sécurisation informatique. Fondée en 1997 et basée à Moscou, la société mène une veille constante sur les vulnérabilités émergentes, ce qui lui confère une position privilégiée pour observer les tendances en Afrique, un continent en pleine transformation numérique. À l’occasion du salon GITEX Africa organisé à Marrakech, Kaspersky a publié de nouvelles données qui révèlent l’ampleur croissante des menaces visant les infrastructures digitales africaines.
Afrique en ligne : croissance technologique et risques accrus
La forte progression des services numériques sur le continent, qu’il s’agisse de l’usage généralisé des smartphones, de la digitalisation des administrations ou de l’essor des plateformes de paiement électronique, a donné naissance à un terrain propice pour les cybercriminels. Si cette évolution soutient des dynamiques économiques et sociales prometteuses, elle s’accompagne également de risques majeurs, notamment en matière de sécurité des données. En 2024, plus de 131 millions de menaces informatiques ont été détectées sur le continent, preuve d’une activité malveillante en nette augmentation. Ces attaques ne visent pas seulement les grandes entreprises ou les institutions publiques : les particuliers aussi sont devenus des cibles régulières, souvent en raison d’un manque de sensibilisation aux pratiques sécurisées en ligne.
Parmi les formes d’intrusion les plus courantes, les logiciels espions et les programmes de vol de mots de passe se sont largement répandus. Les attaques de type *spyware* ont ainsi enregistré une hausse de 14 % cette année, tandis que les outils permettant de subtiliser les identifiants ont bondi de 26 %. Ces chiffres traduisent une évolution des méthodes, de plus en plus ciblées et sophistiquées, mettant à mal les systèmes de protection traditionnels. Les supports externes comme les clés USB, mais aussi les fichiers chiffrés contenant des logiciels malveillants, constituent désormais des vecteurs fréquents d’infection.
Le Maroc, cible privilégiée en Afrique du Nord
Parmi les pays les plus visés, le Maroc se détache dans la région du Maghreb. Selon les relevés de Kaspersky, 12,6 millions de tentatives d’attaques via Internet ont été enregistrées sur son territoire en 2024. Ce chiffre le place aux côtés de nations comme le Kenya, l’Afrique du Sud ou le Nigéria, où les tentatives ont respectivement atteint 20 et 17 millions. Cette position n’est pas anodine : le Maroc, engagé depuis plusieurs années dans une modernisation numérique, voit son écosystème technologique croître rapidement, ce qui attire inévitablement des acteurs malveillants.
L’exposition du pays repose aussi sur la centralisation de nombreuses plateformes de services publics et privés dans l’espace numérique. Des secteurs comme la finance, l’énergie ou l’éducation sont particulièrement vulnérables, d’autant que la formation en cybersécurité peine à suivre le rythme du développement digital. À l’instar de ses homologues régionaux, le Maroc fait face à un double défi : garantir la continuité de sa transition numérique tout en assurant la résilience de ses systèmes d’information.
Vers une réponse collective et structurée
Les données publiées par Kaspersky montrent que l’ampleur du phénomène dépasse les simples incidents isolés. Elle traduit une transformation durable du paysage des menaces, que les autorités africaines ne peuvent plus ignorer. Face à cette évolution, l’un des enjeux majeurs réside dans la coordination régionale. Si certains pays ont lancé des initiatives nationales, leur efficacité demeure limitée sans coopération transfrontalière.
Selon les experts, renforcer la sécurité informatique du continent passe par la mise en place de stratégies collectives, incluant la formation de professionnels spécialisés, le partage d’informations sur les cybermenaces et la promotion d’une culture numérique ancrée dès l’école. En l’absence de ces efforts conjoints, les attaques risquent de se multiplier et de freiner durablement les ambitions numériques africaines. L’évolution actuelle rappelle à quel point la cybersécurité n’est plus une option, mais un pilier indispensable à toute politique de développement.
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