Elon Musk : selon Forbes, l’autre danger qui plane

Elon Musk (Allison Robbert/Reuters)

Lancé en 2019, Starlink représentait pour Elon Musk une solution révolutionnaire pour financer son rêve martien. En déployant des milliers de satellites en orbite basse, le fondateur de SpaceX entendait créer un réseau mondial d’internet haut débit capable d’atteindre les zones les plus reculées de la planète. Cette constellation, qui compte aujourd’hui 7 100 satellites (soit 62% de tous les engins spatiaux actifs autour de la Terre selon l’expert Jonathan McDowell cité par Forbes), visait à générer suffisamment de revenus pour alimenter les ambitions interplanétaires de Musk. Mais alors que SpaceX atteint des valorisations astronomiques, des experts interrogés par Forbes remettent en question la viabilité économique à long terme de cette constellation stellaire.

Des limites techniques qui freinent l’expansion

Malgré les projections des analystes de Morgan Stanley, qui prévoient des revenus de 65 milliards de dollars pour SpaceX d’ici 2030 (dont 72% proviendraient de Starlink), de sérieuses contraintes techniques pèsent sur le service. Dans son entretien avec Forbes, Tim Farrar, consultant indépendant en télécommunications, compare les promesses de Musk à des tours de magie permanents concernant diverses technologies futuristes, tout en exprimant son scepticisme quant à la capacité du réseau Starlink actuel à justifier les évaluations financières qu’on lui attribue. Forbes met en lumière une limitation fondamentale : les données indiquent que la capacité de Starlink se limite à servir seulement quelques utilisateurs par kilomètre carré, ce qui rend cette technologie inadaptée pour les centres urbains où se concentre pourtant l’essentiel du pouvoir d’achat.

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La concurrence s’organise face à l’hégémonie américaine

L’autre menace pour Starlink provient de la montée en puissance de concurrents internationaux. Selon l’enquête de Forbes, Amazon prépare sa propre constellation Kuiper avec 3 200 satellites prévus, tandis que la Chine développe trois constellations, dont SpaceSail qui cible stratégiquement des pays où Starlink a rencontré des difficultés politiques. En Europe, Eutelsat gagne du terrain avec OneWeb, particulièrement depuis que l’UE s’est tournée vers cette entreprise pour remplacer Starlink en Ukraine. Dans son article, Forbes souligne les récentes annulations de contrats au Canada et en Italie, conséquences des tensions géopolitiques liées aux liens entre Musk et l’administration Trump.

Pierre Lionnet, économiste de l’association européenne Eurospace, a expliqué à Forbes qu’il existe un décalage significatif entre les valorisations financières et les capacités réelles de la technologie actuelle. Le magazine américain rapporte que même avec la prochaine génération de satellites plus performants, le service resterait inadapté aux grandes métropoles – New York ne pourrait accueillir qu’une fraction infime d’abonnés par rapport à sa population totale. Selon les analyses présentées par Forbes, la clientèle potentielle maximale se limiterait à quelques dizaines de millions d’utilisateurs mondialement, bien loin des chiffres nécessaires pour justifier une valorisation de 350 milliards de dollars. Forbes conclut que l’investissement dans SpaceX relève davantage de la foi que de l’analyse financière traditionnelle, citant un gestionnaire de fonds qui admet avoir renoncé à justifier rationnellement sa décision d’investir lors d’une levée de fonds valorisant l’entreprise à plus de 100 milliards de dollars.

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