Depuis plusieurs années, la Chine façonne son paysage énergétique à coups de projets d’envergure, combinant des avancées impressionnantes dans les renouvelables à une dépendance persistante au charbon. En 2023, Pékin avait déjà battu des records en connectant massivement de nouvelles capacités solaires et éoliennes à son réseau électrique, tout en poursuivant l’expansion de ses centrales thermiques. Le pays, longtemps moteur de la consommation mondiale de charbon, montrait dans le même temps une volonté affichée de peser lourd dans la transition énergétique, tout en restant premier émetteur mondial de gaz à effet de serre. L’objectif de plafonner ses émissions d’ici à 2030 et d’atteindre la neutralité carbone en 2060 oriente ainsi nombre de ses stratégies énergétiques actuelles.
Un basculement historique dans le mix énergétique
Vendredi, les autorités chinoises ont confirmé un événement sans précédent : pour la première fois, la capacité installée des énergies solaire et éolienne en Chine a surpassé celle des énergies thermiques, dominées par le charbon. Selon l’autorité nationale de l’énergie, la puissance cumulée de ces sources propres atteint désormais 1,482 milliard de kilowatts, contre 1,451 milliard pour les installations thermiques. Ce basculement traduit non seulement l’accélération du développement des renouvelables, mais aussi une reconfiguration progressive du réseau électrique chinois, historiquement centré sur les ressources fossiles.
La performance réalisée au premier trimestre 2025 repose sur l’ajout de 74,3 millions de kilowatts de nouvelles capacités solaires et éoliennes. Cette croissance remarquable montre que la production d’énergie verte ne se contente plus de suivre la hausse de la demande énergétique, mais parvient même à la devancer, selon les déclarations officielles. Une dynamique qui reflète une véritable révolution industrielle à l’échelle nationale.
Une course à deux vitesses entre charbon et renouvelables
La situation énergétique de la Chine conserve cependant des traits ambivalents. Si le rythme de développement des renouvelables impressionne, le charbon demeure omniprésent : environ 60 % de la consommation énergétique chinoise en dépend toujours. En 2024, Pékin a lancé la construction de 94,5 gigawatts de centrales à charbon, représentant 93 % de tous les nouveaux projets mondiaux dans ce domaine. Cette double dynamique illustre une réalité complexe : la Chine cherche à renforcer la sécurité de son approvisionnement énergétique, tout en poursuivant ses objectifs climatiques affichés.
L’augmentation de 4,3 % de la consommation totale d’énergie en 2024 souligne que la demande continue d’augmenter rapidement, portée par l’industrialisation et l’urbanisation. Face à cette pression, la Chine multiplie les approches : accélération massive des renouvelables d’un côté, consolidation du charbon pour assurer la stabilité énergétique de l’autre.
Une dynamique contrastée face aux réalisations occidentales
Alors que la Chine affiche une croissance spectaculaire de ses capacités vertes, les pays occidentaux avancent de manière plus fragmentée. En Europe, l’Allemagne a multiplié les parcs éoliens offshore et accéléré la sortie du charbon, mais reste confrontée à des défis liés à l’intermittence des énergies renouvelables. Aux États-Unis, malgré une forte progression du solaire, notamment en Californie et au Texas, l’essor reste freiné par des infrastructures vieillissantes et une dépendance persistante au gaz naturel. Par comparaison, l’ampleur et la rapidité de la transition énergétique chinoise, malgré ses contradictions internes, donnent une mesure de l’écart de rythme entre Pékin et les grandes économies occidentales dans la course aux énergies bas carbone.
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