Les investissements étrangers dans l’industrie automobile se multiplient au Maghreb, avec une nette accélération en Algérie. Le secteur devient un terrain de concurrence active pour les constructeurs internationaux, notamment asiatiques, attirés par les perspectives de développement industriel et les incitations économiques locales. Plusieurs marques chinoises y voient une opportunité stratégique pour s’ancrer dans un marché en mutation, tourné vers l’assemblage local, la réduction des importations et le renforcement de la chaîne de valeur nationale. Cette dynamique ouvre une nouvelle phase dans l’industrialisation du pays, où deux projets majeurs viennent d’être annoncés dans le cadre d’une coopération bilatérale renforcée.
Au cœur du forum d’affaires algéro-chinois tenu récemment, deux accords structurants ont été signés dans le secteur automobile. Le premier implique Jetour, constructeur chinois représenté par son vice-président Shandong Qi, et Fondal, une entreprise publique algérienne issue de la Société nationale de sidérurgie. L’entente prévoit un investissement de plus de 105 millions de dollars sur cinq ans. L’usine, qui sera implantée dans la wilaya de Batna, ambitionne une capacité de production de 270 000 véhicules par an et devrait générer environ 1 000 emplois. Le site choisi n’est pas anodin : il s’agit de l’ancienne usine Gloviz, autrefois dédiée à l’assemblage de véhicules Kia, aujourd’hui intégrée au patrimoine de Fondal après une décision judiciaire.
Ce projet s’inscrit dans une stratégie globale portée par les autorités, visant à augmenter le taux d’intégration locale dès les premières phases de production. Il s’agit également de créer un environnement favorable à l’émergence d’une industrie de composants, en favorisant la coopération entre assembleurs et sous-traitants locaux, dans le respect des normes techniques internationales.
Le second projet concerne la filiale du groupe Chery, Omoda & Jaecoo, qui s’associe à Cars Tech, branche industrielle du groupe algérien Iris. Cette coentreprise prévoit l’implantation d’une usine à Sétif, sur une superficie de 230 000 m². À terme, 1 200 emplois devraient être créés. L’usine produira cinq modèles, dont les Omoda C3 et C5, le Jaecoo J5, l’Omoda C7 et le Jaecoo J7, tous positionnés sur des segments allant du crossover au SUV tout-terrain.
Les deux accords ont la particularité d’être conclus directement avec les maisons mères chinoises, signe d’un engagement stratégique de long terme. Ces implantations industrielles pourraient aussi faciliter l’accès à d’autres marchés africains grâce à des exportations régionales à partir de l’Algérie.
Alors que d’autres marques chinoises comme Geely ou Dong Feng ont déjà posé les bases de projets similaires ou affichent un intérêt croissant pour le pays, l’Algérie semble confirmer son ambition de devenir une plateforme régionale de production automobile. Parallèlement, le secteur des deux-roues n’est pas en reste : un accord entre Cycma (basée à Guelma) et QJ Motor devrait être finalisé début mai, élargissant encore le spectre de la coopération sino-algérienne dans le domaine des mobilités.
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